Apparemment, le phénomène de la construction d’habitations sur des ravines, ces lits d’oued asséchés, passe inaperçu à Aïn El Türck.
L’exemple le plus frappant est celui du quartier de Paradis-plage, où tout un ilot d’habitations a pris naissance sur le chenal de la ravine.
Le phénomène remonte à quelques années seulement, lorsque cette ravine, profonde et longue de plusieurs mètres, servant de voie de ruissellement et d’orientation des eaux pluviales vers la mer, devenait une décharge informelle pour tout type de déchets, allant du domestique aux détritus de matériaux de constructions.
Des années plus tard, la ravine en question sera comblée à ras le bord pour voir, insidieusement, des constructions en dur y être édifiées.
Aujourd’hui, le lit d’oued a complètement disparu, laissant place à un ilot de maisons plus ou moins cossues, reliées le plus normalement du monde aux réseaux d’AEP et d’assainissement ainsi qu’à ceux de la Sonelgaz et, bitumage de voirie, compris.
Si ce cas est le plus illustre, d’autres lits d’oued naturels, l’un à St Germain et un autre à St Roch, ont été obstrués par le béton et détournés de leurs fonctions initiales, à savoir constituer des réseaux et rejoindre le réseau hydrographique, en l’occurrence la mer, dans le cas de la commune d’Aïn El Türck.
Or, l’obturation volontaire et préméditée de ces chenaux naturels a été à l’origine de nombreux déboires pour les citoyens en milieu urbain en raison du refoulement des eaux que ne pouvaient contenir les avaloirs et les bouches d’égout, lors des fortes précipitations.
Des épisodes tragiques hantent encore, il y a quelques années de cela, la mémoire des habitants de Paradis-plage lorsque des familles, dont les habitations ont été envahies par des eaux pluviales, ont dû être évacuées à l’aide de bateaux pneumatiques.
Les dernières inondations qui se sont abattues cette semaine sur la commune d’Aïn El Türck ont heureusement été de courte durée.
Le contraire aurait mené à une catastrophe.
La peur des habitants de ces localités était largement perceptible.
Un événement pareil a failli être dramatique pour des habitants d’un quartier dans la commune d’El Ançor à cause du dévalement violent des eaux pluviales de la montagne la surplombant qui ne retrouvaient pas leur cheminement naturel.
La construction d’une habitation sur le parcours du lit d’oued, en était à l’origine.
Pour les spécialistes des questions hydrogéologiques, les principaux dégâts constatés lors de ruissellements incontrôlés d’eaux pluviales, sont les engravements et les salissements de chaussées et d’habitations, voire leur destruction dans certains cas, ainsi que le colmatage des buses, des fossés et des bassins d’orage, ce qui peut aggraver, soutiennent-ils, les risques d’inondation.
Mais également, la dégradation hydromorphologique des cours d’eau et des pollutions.
Au-delà de toutes ces considérations scientifiques ou techniques, des questionnements sur cette permissivité outrageuse, ne peuvent être ignorés, du moins par l’autorité locale, même si elle est l’héritière d’un état de fait.
Parmi les effets du changement climatique, rapportent les experts, il est cité l’intensification des précipitations, fortes pluies et grêle.
Comment éviter le pire à l’avenir ? La question est là.
Karim Bennacef