Oran

Aïn El Türck | Un bidonville niché au flanc d’une cité résidentielle à Aïn El Bahia : quand la misère côtoie le luxe

Échappant au regard, un bidonville, encore un, s’est doucement mais surement niché au flanc d’une cité résidentielle au quartier El Bahia, relevant de la localité de Cap Falcon et où cohabitent, dans une promiscuité choquante et désorganisée, plus d’une dizaine de familles venues de divers horizons y trouver refuge ou un semblant de bien-être.

Insoupçonné jusque-là, ce bidonville, à l’instar d’autres d’ailleurs, dont deux récemment éradiqués par les autorités locales, l’un au centre-ville même d’Aïn El Türck dit «La foire» et l’autre à Bousfer au quartier Haï Ibn Sina, implanté sciemment sur une terre agricole, a fait son petit nid en s’adossant à une cité résidentielle et ce, dans l’indifférence la plus totale mais surtout dans des conditions de vie les plus précaires, pour ne pas dire les plus indécentes.
Femmes et enfants, formant des familles souvent nombreuses, aux conditions sociales modestes, voire en dessous du seuil de tolérance, tentent chaque jour que Dieu fait, d’exister et d’agencer leur quotidien en fonction de leurs moyens humains et financiers, sans réellement pouvoir s’intégrer dans une vie normale en étant à la marge de la société eu égard à leur statut illicite et d’occupants illégaux.
La question, parmi tant d’autres, est celle de savoir, comment et par quel subterfuge, ces familles ont pu atterrir sur ce site relevant du domaine agricole où aurait existé une ancienne cave agricole et qu’aucune indication sur son transfert vers le patrimoine foncier urbanisable, n’est notifiée quelque part ? Et qui les y a amenées ou autorisé à en prendre possession des lieux pour installer leurs masures de fortune ? Le phénomène de la bidonvilisation n’étant désormais pas inconnu, a constitué durant de longues années, une opportunité pour de nombreuses familles de s’offrir un logis temporaire et/ou pour d’autres, d’accéder au logement social.
Un moyen jugé par ceux qui ont opté pour le «fewdaoui», «rapide» et «garanti» pour doubler les demandeurs de logements ordinaires, parfois avec succès, parfois non, même s’ils doivent supporter durant de longues années, voire deux décennies ou trois pour certains, toutes les vicissitudes de la vie avec son lot de maladies, d’indigence et de dénuement.
Et quand surtout, en face, à quelques mètres seulement, le voisinage est d’une autre catégorie sociale, plus pompeux, rimant avec le luxe, la magnificence et la somptuosité et où, les conditions de vie sont nettement supérieures et incomparables sur le plan humain et matériel.
Sans croiser le regard, c’est presque à un défi quotidien que se livrent les deux populations du bidonville et de la cité résidentielle, que ne rapproche que la proximité mais sans plus, l’une en étalant sa fortune, l’autre sa misère.
Un paradoxe auquel s’attèlent, faut-il le rappeler, les pouvoirs publics locaux à Oran sur instruction des instances gouvernementales, à solutionner en déployant des efforts déployés gigantesques et des moyens colossaux pour le déracinement des bidonvilles et le relogement des occupants dans des logements décents, comme en attestent, les opérations quotidiennes et soutenues de transfert des populations vers des pôles urbains neufs que connaît la wilaya d’Oran, sous la supervision du wali Saïd Sayoud.

Karim Bennacef

 

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