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Belhimer à propos de la cyberguerre ciblant l’Algérie:
«Ce n’est pas une vue de l’esprit»

En usant de concept militaire, le porte-parole du gouvernement ne s’y trompe pas. Il annonce ainsi que l’objectif de l’opération est d’ «altérer la disponibilité ou la confidentialité des données».

L’Algérie est véritablement ciblée par une véritable guerre cybernétique. Le discours sur l’ennemi extérieur n’est pas vain et encore moins les attaques dirigées contre l’Algérie par le biais de plateformes établies à l’étranger et qui lancent des fake news, dont l’objectif est de créer le chaos en Algérie. C’est en substance la conviction du ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer. Dans un entretien accordé à Echourouk El Yaoumi, le ministre a tenu à préciser que c’est «ce contre quoi nous mettons en garde n’est ni une vue de l’esprit, ni un recours ringard à +l’ennemi extérieur+ pour dissuader je ne sais quel pseudo-démocrate de manifester, ce droit étant consacré par la Constitution et encadré par la loi». M.Belhimer appuie son propos par un argument de taille qui veut que «tous les Etats se dotent aujourd’hui d’une doctrine officielle de lutte informatique offensive (LIO) pour encadrer les actions entreprises dans le cyberespace.» Il s’agit, affirme le ministre, «de produire des effets à l’encontre des systèmes adverses». En usant de concept militaire, le porte-parole du gouvernement ne s’y trompe pas. Il annonce ainsi que l’objectif de l’opération est d’ «altérer la disponibilité ou la confidentialité des données». Très au fait de la stratégie guerrière dans le cyberespace, M.Belhimer informe que les actions «touchent à l’espionnage et au sabotage, mais également à la subversion par la propagande et la désinformation». Cet aspect de la guerre tient «dans l’intention de saper les fondements de l’autorité en l’attaquant et en la discréditant sur les valeurs pour la rendre illégitime», a expliqué le ministre.
Expliquant le modus operandi des armées du cyberespace, il révèle que «si les médias traditionnels emploient des humains pour produire et diffuser leurs messages en observant des lois et réglementations, des règles éthiques ou coutumières, générant un degré rassurant de responsabilité, ce n’est plus le cas des conservateurs d’algorithmes de robot de Facebook-Google-Twitter qui, placés, sont mis sur pilotage automatique, un peu comme des drones tueurs sur lesquels aucun humain n’assume sa responsabilité». C’est toute la dangerosité de ces attaques dans un espace hors contrôle et qui se trouve «au centre de toutes les convoitises pour son contrôle pour une première raison : l’attrait qu’il suscite parmi les populations, notamment les plus jeunes». Le ministre en veut pour preuve qu’en 2020, Internet abritait près de 60% de la population mondiale, soit 4,5 milliards de personnes parmi lesquelles 3,8 milliards disposent de comptes sur les réseaux sociaux, a-t-il fait savoir. A lui seul, Facebook enregistre plus de 100 milliards de contenus chaque jour, un déluge que ni ses algorithmes, ni sa petite armée de moniteurs humains, ne peuvent contenir de manière réaliste, rappelle le ministre, pointant ainsi du doigt les failles susceptibles de conduire à la faillite de nombreux pays. Le ministre ne croit pas si bien dire, sachant les guerres cybernétiques qui avaient précédé la destruction de la Syrie et de la Libye. «Les démocraties sont toutes confrontées à leur dépendance de technologies de communication numériques qui autorisent la formation d’une zone de liberté d’expression mondiale d’une taille illimitée, combinée à une irresponsabilité algorithmique de volumes massifs de désinformation qui se propagent avec une facilité sans précédent», a relevé le ministre, comme pour signifier que la liberté absolue, sans responsabilité mène au chaos. Pour le ministre, «les médias, les dirigeants politiques, les universitaires et le grand public omettent souvent de mettre en perspective historique la spirale infernale des informations quotidiennes, ayant plutôt tendance à se concentrer sur les derniers événements et crises».
Ces ennemis ont intérêt que l’on saisi, mais peut-on les identifier ? M. Belhimer dira que «les recherches militaires et leurs applications civiles israéliennes alimentent généreusement, mais chèrement, les entreprises qui opèrent dans le cyberespace». Et d’ajouter : «Certaines des technologies les plus secrètes produites par les développeurs israéliens restent beaucoup plus proches de leur format militaire original». Plus précis, M. Belhimer cite le cas d’un «logiciel offensant vendu à la fois aux pays qui souhaitent espionner leurs propres citoyens ou à des Etats rivaux, et à des sociétés privées qui espèrent gagner un avantage sur leurs concurrents ou mieux exploiter et manipuler commercialement leurs clients».
«Une fois intégrés aux plateformes de médias sociaux comptant des milliards d’utilisateurs, ces logiciels espions offrent aux services de sécurité des Etats une portée potentielle presque mondiale», a-t-il noté.
Yahia Bourit

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