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Clôture du Festival de la musique et de la chanson oranaise : une édition enchanteresse entre tradition et renouveau

Le Théâtre régional Abdelkader Alloula a accueilli samedi soir la cérémonie de clôture de la 16e édition du Festival local de la musique et de la chanson oranaise, marquant la fin de cinq jours d’intense célébration artistique.

Dans une ambiance mêlant ferveur populaire, émotion partagée et fierté culturelle, le festival a une nouvelle fois confirmé son rôle de pilier dans la préservation et la transmission du patrimoine musical oranais.
Pendant prés d’une semaine, seize artistes se sont succédé sur la scène du prestigieux théâtre d’Oran, dont huit jeunes chanteurs engagés dans un concours officiel dédié à la relève artistique.
Organisé par le Commissariat du festival culturel local de la musique et de la chanson oranaises, cet événement a fait office de tremplin pour des talents émergents, désireux de s’approprier un répertoire aussi exigeant qu’iconique: celui du regretté Ahmed Wahbi, figure tutélaire de la chanson oranaise. La particularité marquante de cette édition est saisissante, tous les morceaux interprétés par les finalistes du concours provenaient du répertoire d’Ahmed Wahbi. Une décision qui n’a rien d’anodin. Elle révèle la profondeur de l’héritage laissé par ce monument de la musique algérienne et la volonté des nouvelles générations de s’en inspirer pour construire leur propre identité artistique. Sur le podium, ce sont les héritiers du style de Wahbi qui se sont distingués. Le premier prix a été attribué à Mohamed Amer, originaire d’Oran, pour son interprétation magistrale de «Ahkem?» (Juge), saluée pour sa justesse vocale et son intensité émotionnelle. Ghoumari Anes, représentant la ville de Nedroma dans la wilaya de Tlemcen, a décroché la deuxième place grâce à «Serej ya farés el maqam», un morceau empreint de solennité et d’authenticité. La troisième marche du podium est revenue à Samir Chikhi de la wilaya d’Aïn Témouchent, qui a ému le public avec «?Lemen nechki ya Rabbi» (Oh mon dieu, à qui je me plains), livrée avec une rare sensibilité. Sur un autre regisdtre, la soirée de clôture a été riche en émotions. En effet, la cérémonie du baisser du rideau ne s’est pas limitée à la remise des prix. Elle fut également l’occasion de rendre hommage à une autre grande figure de la scène musicale oranaise : le musicien Moulay Abdennebi, salué pour l’ensemble de sa carrière. Plusieurs artistes confirmés se sont succédé sur scène pour lui rendre un vibrant hommage, parmi lesquels Mahboub El Wahrani, Reffas Omar, Chikhi Romaissa et Houari Si Ali, accompagnés par l’orchestre dirigé par le maestro Khalil Baba Ahmed. Le public, venu nombreux, a manifesté son enthousiasme tout au long de la soirée, confirmant l’attachement profond des Oranais à leur patrimoine musical. Soulignant la réussite de cette édition tant sur le plan artistique que populaire, la commissaire du festival, Souad Bouali, a, dans une déclaration à la presse, affirmé que «le festival a su fédérer toutes les générations autour d’une passion commune, la chanson oranaise», expliquant que «les artistes ont livré des performances d’une grande qualité, avec une énergie et une sincérité qui ont conquis le cœur du public». Mme Bouali a également mis en avant une orientation nouvelle adoptée cette année, en l’occurrence l’ouverture stylistique. «Nous avons intégré une touche contemporaine tout en préservant l’âme authentique de la chanson oranaise », a-t-elle expliqué, précisant que «cette approche vise à séduire un public plus jeune et à faire évoluer le genre sans le dénaturer». Devenu au fil des années un espace de rencontre entre transmission, création et innovation, le Festival local de la musique et de la chanson oranaise s’impose aujourd’hui comme un événement culturel majeur dans la ville d’Oran. Il incarne la vitalité d’un art populaire qui, loin de se figer, se renouvelle sans trahir ses racines. Cette 16e édition, placée sous le signe de la jeunesse, de l’authenticité et de l’audace, a pleinement rempli sa mission en mettant en lumière de nouveaux talents, ayant par ailleurs fait revivre les chefs-d’œuvre du passé et permis d’inscrire la chanson oranaise dans l’avenir. Le rideau est tombé, mais les échos de cette édition résonneront longtemps encore dans les cœurs des mélomanes, en attendant une 17e édition que l’on espère tout aussi enchanteresse.

Yacine Redjami

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