Colmatage des brèches et décor des façades
«Les Jeux méditerranéens vus par l’artiste». Tel est le thème retenu par les initiateurs d’un concours de la meilleure fresque dédiée à la promotion de la 19e édition des jeux méditerranéens devant se dérouler à Oran au début de l’été 2022. Ce concours, placé sous l’égide de la direction locale de la jeunesse et des sports, en coordination avec l’Office des établissements des jeunes et la ligue des activités culturelles et artistiques de la jeunesse, aura lieu du 21 au 23 avril en cours. Il s’agit en réalité d’une action dite culturelle inscrite au programme concocté par les organisateurs voulant animer les soirées de Ramadhan sacré à travers quelques manifestations qui auront lieu précise-t-on de «21 heures à une demi-heure avant l’entrée en vigueur du confinement sanitaire». Pourquoi pas, pourrait-on dire à priori et même saluer cette initiative visant à créer et animer une ambiance de compétition permettant aux artistes et jeunes talents de s’exprimer et de partager les expériences dans le domaine artistique et culturel. Mais prétendre que ce genre d’actions permettra également «d’embellir l’environnement», comme l’indiquent les organisateurs dans leur communiqué, serait faire preuve d’exagération et de zèle débordant dans l’éloge des banalités. Comment une fresque, aussi grande et belle soit-elle peut contribuer à assainir tout un cadre urbain oranais truffé depuis des décennies par de nombreux «points noirs « et des fléaux urbains irréductibles ?
On sait que les Jeux Méditerranées traversent depuis quelques années une période de déclin et de désintérêt forgés par la conjoncture économique et sécuritaire connue par la plupart des pays méditerranéens. En 2015, seules quelques grandes villes de la rive sud ont bien voulu accepter de déposer leurs candidatures à l’organisation des JM, dont Oran et la ville de Sfax en Tunisie. L’épidémie du coronavirus et la crise sanitaire et économique allaient ensuite très sévèrement ternir la portée et l’impact attendus par cette manifestation au sein de l’opinion locale braquée sur bien d’autres priorités politiques et sociales. En quoi, ricanent, les mauvaises langues locales, un grand tableau de peinture ou une fresque murale aussi belle soit-elle, peut redorer le blason d’une compétition organisée à Oran dans des conditions bien aléatoires, marquées souvent par les retards, les improvisations, le colmatage des brèches et le décor de façades propres aux années de plombs… ?
Par S.Benali