Oran

Contamination des cactus par la cochenille : la lutte continue malgré les difficultés

La direction des services agricoles de la wilaya d’Oran a annoncé l’anfractuosité de la procédure de la consultation relative aux travaux de déracinement, de destruction et d’ enfouissement des plantations de figuier de barbarie contaminées par la cochenille du cactus, communément appelée insecte quarante.

La DSA a précisé qu’«aucune entreprise n’a répondu à l’appel lancé début août, rendant ainsi l’opération caduque». Cette consultation, référencée sous le numéro 02/2025 et publiée le 3 août dernier sur la page officielle de la DSA, s’inscrivait dans le cadre du décret présidentiel n°15/247 du 16 septembre 2015 régissant les marchés publics et les délégations de service public.
L’objectif était de sélectionner une entreprise spécialisée capable d’assurer la prise en charge de parcelles gravement infestées par ce parasite. Mais faute de candidats, l’administration se voit contrainte de constater l’échec de la procédure. En dépit de cet échec administratif, les opérations de lutte contre la propagation de l’insecte se poursuivent. Selon la DSA, l’éradication se fait actuellement par l’arrachage et l’enfouissement des cactus atteints dans différents périmètres agricoles, avec pour ambition de limiter la progression de la cochenille vers de nouvelles exploitations. Cette mobilisation n’est pas nouvelle. Déjà en juin dernier, la station régionale de protection des végétaux de Mers El-Kébir avait organisé, en partenariat avec la société privée Profert, une journée de sensibilisation. Cette initiative, qui s’inscrivait dans la campagne agricole 2024/2025, avait réuni plusieurs agriculteurs ainsi que des représentants des wilayas d’Oran et d’Aïn Temouchent. L’événement visait à démontrer, sur une plateforme de terrain, les techniques les plus efficaces pour freiner l’invasion de l’insecte ravageur. La situation reste néanmoins préoccupante. La filière du figuier de barbarie, longtemps considérée comme une ressource agricole de complément mais à forte valeur ajoutée, subit depuis 2021 une crise profonde à l’Ouest du pays. La cochenille, un parasite qui s’accroche aux cladodes du cactus et en aspire la sève, provoque un dessèchement rapide de la plante, allant jusqu’à sa destruction totale.
Du coup, les producteurs enregistrent des pertes massives et un recul significatif de la production locale. À Oran, l’impact économique est déjà visible. La récolte 2025 affiche un rendement nettement inférieur à celui des saisons précédentes, entraînant une raréfaction du fruit sur les marchés et une flambée de ses prix. Les consommateurs constatent la différence, tandis que les agriculteurs peinent à compenser leurs pertes. Pour nombre d’entre eux, cette culture constituait une source de revenus essentielle, non seulement par la vente du fruit mais aussi par l’exploitation dérivée des graines et huiles du cactus, utilisées dans l’industrie cosmétique. La disparition progressive de cette filière menace donc un pan entier de l’économie agricole locale. Le figuier de barbarie, longtemps symbole de résilience face à la sécheresse et ressource accessible pour les familles rurales, voit aujourd’hui son avenir compromis.
Plusieurs experts alertent sur la nécessité d’une stratégie nationale de lutte intégrée, mobilisant à la fois la recherche scientifique, les organismes publics et les opérateurs privés, afin de contenir la propagation de la cochenille et de préserver ce patrimoine agricole. En attendant, les exploitants restent livrés à eux-mêmes.
L’absence d’entreprises intéressées par l’opération d’éradication illustre la difficulté d’organiser une réponse structurée et durable face à ce fléau.
Pour les autorités agricoles, le défi est désormais double: enrayer l’expansion de l’insecte et restaurer la confiance des agriculteurs dans la viabilité d’une culture qui a longtemps constitué un levier de développement rural et social pour toute la région.

Nassim.H

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