Oran Aujourd'hui

Corruption,tricheries et combines en tout genre

Les habitants du bidonville Kara 2, dans la commune d’Es Sénia, ont bloqué la ligne ferroviaire Oran-Ain-Temouchent durant plusieurs jours pour faire pression sur les pouvoirs publics et revendiquer leur inscription sur les listes de bénéficiaires des prochaines opérations de relogement qui ciblent plusieurs bidonvilles de la wilaya., notamment ceux de Sidi Chami, Ras El Ain et le site dit «Cumo», l’ancienne résidence universitaire désaffectée, abandonnée et squattée à maintes reprises depuis des années. Des «représentants» des occupants du bidonville Kara 2 ont fait le tour de certaines rédactions de journaux locaux pour expliquer leur calvaire, qui selon eux « dure depuis vingt ans… sans que les autorités locales ne daignent se pencher sur leur cas ». «Nous avons frappé à toutes les portes, expliquent-ils, et nous avons organisé plusieurs rassemblements pour revendiquer un logement, mais toutes nos démarches sont restées vaines « se lamente l’un des pères de familles concernés. Il faut bien admettre aujourd’hui que le seul fait d’aller squatter une baraque illicite dans l’un des nombreux bidonvilles qui ne cessent de proliférer dans la wilaya d’Oran ouvre automatiquement la porte d’accès à un logement neuf.
Il est vrai que la lutte contre l’habitat précaire lancée depuis très longtemps par les gouvernants successifs, s’inscrit dans une volonté de «corriger» les images de la pauvreté et de la précarité qui ternissent le décor urbain national. Premier signe d’un sous-développement avancé, le bidonville est évidemment incompatible avec les efforts de progrès et de modernité annoncés à chaque occasion par les discours officiels. Oran, la grande ville de l’Ouest algérien très convoitée pour ses «opportunités» en tous genres, est l’une des plus ciblée par les flux divers de population voulant s’y installer pour fuir la misère, le chômage et le manque de structures sociales, éducatives et sanitaires dans de grandes zones rurales du territoire. « Les squatteurs de bidonville et des bâtisses en ruine ne tombent pas du ciel… », disait un ancien wali connu pour son pragmatisme et son franc-parler. Il fut un temps où des walis, grâce au fameux quota de logements sociaux qui leur était réservé, pouvaient faire venir à Oran tout un douar ou tout un clan vivant dans des conditions de logements difficiles dans une autre wilaya du pays. Qui ignore que dans les grandes cités d’habitat social, des centaines de logements attribués à des hauts fonctionnaires, des sénateurs, des députés, et même de riches opérateurs privés, sont restés longtemps fermés, inoccupés avant d’être revendus ou loués à des familles plus modestes. L’histoire contemporaine ne pouvait hélas que nourrir et forger au sein de la société les pratiques de prédation, de corruption, de tricheries et de combines en tout en genre.
Par S.Benali

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