De par sa définition, une station balnéaire est un lieu de séjour situé en bord de mer ou tout autre endroit présentant des bains et aménagé pour l’accueil des vacanciers, certes. Mais où est-il dicté pour autant, que celle-ci doit être désinscrite dans les priorités de développement, comme c’est le cas aujourd’hui, pour les communes de la daïra d’Aïn El Türck ?
Idem, qu’appelle-t-on enfin, priorités de développement, sans projets structurants ? Le développement local et durable ne signifie pas uniquement logements et routes, tout aussi primordiaux qu’ils sont.
Tout expert averti, s’accorde à dire que dans le cas des communes de la daïra d’Aïn El Türck, la dimension économique, qui consiste, dans son essence même, en la création de richesse afin d’améliorer les conditions de vie matérielle est quasiment inexistante et utopique dans cette régionEn lieu et place.
Une région dont la notoriété, ancienne et actuelle a été façonnée par les scandales à répétitions tous pratiquement liés aux différents détournements du foncier urbanisable, agricole et même touristique, malgré l’affection des estivants locaux et nationaux pour cette autrefois, belle contrée balnéaire.
Toutefois, et bien que ces scandales aient longtemps alimenté, et continuent de le faire, la chronique locale et nationale, la perversion et la dépravation sont encore plus pernicieuses et maléfiques que ne puisse l’imaginer le commun des mortels, exception faite des observateurs avertis, ou de ceux administrateurs et élus, anciens ou actuels qui ont eu à gérer les affaires citoyennes et communales, pour constater que la contrée a été sournoisement usurpée et dépouillée d’importants projets structurants dont certains étaient programmés et subventionnés depuis plus de 30 années maintenant.
Le port de pêche et/ou de plaisance la station de la « Madrague », relevant de la délégation communale de Cap Falcon, a été étouffé dans l’œuf ! Mort-né, ce projet n’est même pas allé au placard des oubliettes, mais a été carrément effacé de la nomenclature des priorités de développement.
En lieu et place, a poussé un bassin d’élevage d’alevins détenu par une entreprise privée ! Le même sort a été dévolu à la ferme pilote à cheval entre Bousfer et El Ançor, un site de 120 hectares, détourné de sa vocation initiale alors qu’il était inscrit dans le processus de développement de l’économie locale, comme l’avait suggéré le Président de la République, Mr Abdelmadjid Tebboune, qui avait enjoint, lors de la réunion du Conseil des ministres qu’il avait présidée le 14 mai 2023, de « transformer les fermes pilotes en pépinières pour les ressources animales et végétales, soit une locomotive pour la recherche et le développement du secteur agricole ».
Que nenni ! Toute une région, sa population, ses centaines d’agriculteurs, leurs enfants, ses étudiants et ses collégiens, voient un rêve s’évanouir. C’est aussi toute une économie qui s’évapore, car il était censé y créer des mini chaînes de transformations des produits agricoles pour les fellahs de la région.
Dans le chef-lieu, Aïn El Türck, le projet d’une gare routière a été désinscrit, alors que son importance était vitale pour la réorganisation du transport urbain et suburbain de la contrée balnéaire qui connaît une forte affluence durant les saisons estivales, pour cauTout expert avertise d’indisponibilité d’assiette foncière ! Alors que le site en question relevant du domaine agricole, retenu par le wali lors d’une de ses visites de travail au mois de février dernier, produit quelques ares de fèves et de pomme de terre !
L’embarcadère de la plage des « Dunes », censé être un investissement à valeur ajoutée, est à lui seul, l’illustration de la déperdition des deniers publics et ce pour avoir coûté plus de 40 milliards pour sa réalisation pour en fin de compte être abandonné pour non-conformité. Le non investissement dans une mini zone d’activité pour les métiers liés à la pêche artisanale constitue lui aussi une infirmité pour le développement local et durable.
Si de manière générale on s’accorde à dire que le développement local est l’expression d’une solidarité créatrice de nouvelles relations sociales et de la volonté des habitants d’un territoire de valoriser les richesses locales, en faveur du développement économique, social, et culturel et dont la finalité est de participer à l’attractivité du territoire, en termes d’emplois et d’image, il va sans dire qu’à Aïn El Türck et ses communes limitrophes, le concept est tout à fait farfelu.
De quelle image et de quels emplois peuvent se targuer les communes de la corniche oranaises quand on constate leur niveau de précarité fiscale ?
Enfin, la question qui se pose est celle de savoir comment provoquer l’effet multiplicateur dans l’économie régionale, quand des projets vitaux sont détournés de leur vocation initiale et concentrés surtout entre les mains d’un groupe fermé et restreint ?
Karim Bennacef