Des vergers cèdent leur place au béton à Ouadite (Bousfer) : la pêche ne sera plus à la fête
S’étendant au pied de la montagne Murdjadjo, avec une sensible inclinaison en direction de la mer, à la sortie nord-ouest de la municipalité de Bousfer, la vallée, qui était autrefois tapissée d’arbres fruitiers, offrant notamment de superbes pêches, dont la réputation avait dépassé les frontières du pays, a été fort malheureusement envahie par le béton au grand détriment des centaines d’hectares de vergers.
Au milieu des années 1990, les agriculteurs, qui ont invoqué la sécheresse, sans s’en convaincre eux-mêmes, ont commencé à brader leurs terres au profit de familles venues de différentes contrées du pays. Ces dernières, dont la grande majorité se disait menacée par le terrorisme, qui sévissait dans leur région d’origine durant la décennie noire, ont entamé, illicitement au début, la construction de maisonnettes et ce, avant de bénéficier de la formule de l’auto-construction, qui a été promulguée à l’époque par les pouvoirs publics, indique une source proche de ce dossier.
C’est ainsi que naquit le bourg Ouadite avec ses ruelles, ayant été bitumées pour la plupart, serpentant entre l’alignement des habitations, ainsi que de petits établissements de commerce, versés notamment dans l’alimentation générale, les salons de coiffure et les ateliers de mécaniques autos entre autres.
Pour des raisons inexpliquées, aucune boulangerie, officine ou cafétéria ne sont répertoriés en ces lieux. « Au début c’était uniquement de petites maisons bâties sans élévation avec des garages, avant qu’elles ne se transforment en de véritables villas et en bâtisses avec plusieurs étages, ainsi que tout récemment des promotions immobilières, exploitant le filon inhérent à la location estivale, en bénéficiant pour la majorité, de la saugrenue exonération des impôts et ce, dans l’insolente indifférence de tout un chacun », a expliqué en substance un fonctionnaire à la retraite de la daïra d’Aïn El Turck, natif de la commune de Bousfer, avant de renchérir avec amertume « cette zone était exclusivement réservée à la plantation d’arbres fruitiers, qui donnent en particulier la pêche entre le mois de juin et le mois d’août, un fruit sucré et désaltérant riche en vitamine C.
Toute cette immense richesse naturelle a été détruite par la cupidité. Cette zone était la reine de la pêche, hélas aujourd’hui elle s’est transformé en royaume des chats de gouttière où est concentrée une forte population, qui a tendance à grossir au fil du temps, boostée par un exode rural incontrôlé de familles originaires de contrées lointaines ».
Il importe de signaler que cet affligeant état de fait est à l’origine de la rareté de la pêche sur les étals des marchés. Son abondance jadis, grâce aux bonnes cueillettes, qui s’effectuaient à la veille de la période estivale, a inspiré les arboriculteurs de l’époque à organiser une fête, rituel annuel, sur la principale place de la commune de Bousfer. Cela fait deux années que cette célébration n’a pas été concoctée, pire encore elle semble avoir été renvoyée aux calendes grecques.
Rachid Boutlélis