EDITO

Du vrai sens de l’équilibre des pouvoirs

Le Premier ministre a défendu, hier, la loi de finances 2022 devant des députés qui étaient montés au créneau sur des questions éminemment sociales. L’inflation, les subventions et l’allocation chômage ont, en effet, constitué l’essentiel des interventions des élus de la nation. Les contradicteurs du gouvernement qui, soulignons-le, ont pesté contre la taxation de l’activité agricole ont globalement plaidé en faveur des classes populaires, ces derniers temps sérieusement sanctionnées par des hausses importantes des produits de large consommations. Le plaidoyer du Premier ministre n’était pas moins socialisant, compte tenu de l’ADN de l’Etat algérien, très porté sur la sauvegarde de la dignité des Algériens. C’est d’ailleurs l’un des sujets sur lequel le président de la République n’a eu de cesse d’insister.
L’on peut donc annoncer la cohésion dans le discours entre l’exécutif et le législatif. Les deux pouvoirs s’accordent sur l’essentiel qui n’est autre que la nécessité de veiller sur le pouvoir d’achat du citoyen. Tout cela est bien, sauf que ledit pouvoir d’achat est loin de sa meilleur forme. Les Algériens s’appauvrissent et cela se voit. Comment sortir de cette contradiction entre le discours et les faits de terrain ?
Tout cela est bien vrai, sauf qu’au jour d’aujourd’hui et plus de quatre mois après les élections législatives l’opinion nationale n’attend pas des interpellations du gouvernement, sans suite sur sa vie quotidienne. Les Algériens savent que quelque chose cloche dans la gouvernance du pays. Ils sentent que les choses n’évoluent pas comme ils l’espéreraient. C’est dire que la solution que veulent les Algériens, se résument en actes concrets. La question qui se pose est de savoir ce qu’une Assemblée populaire nationale a à voir avec l’action d’un gouvernement. Il y a un rapport en ce sens que l’APN contrôle l’exécutif et peut l’interpeller à tout moment sur les retards dans la numérisation, la réforme du foncier industriel aujourd’hui encore bloquée, le code des investissements que tout le monde attend depuis des lustres.
Cela pour dire que poser des questions au Premier ministre, c’est bien, mais c’est encore mieux de l’amener d’une manière ou d’une autre à faire son travail. Pour cela, il faut casser avec tradition qui veut que le pouvoir législatif opère en réaction à l’exécutif. Ce dernier n’est qu’une composante de l’Etat, il ne peut s’octroyer tous les pouvoirs. Et lorsqu’il se trompe, l’APN doit le corriger. Le président de la République est, quant à lui, un arbitre vigilant.
Par Nabil G

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