Oran Aujourd'hui

Échecs, platitudes, incohérences et renoncement collectif !

Près de 70 constructions illicites et une vingtaine de fondations ont été démolies sur le site de l’ exploitation agricole dite «Achabi Hanafi», dans l’agglomération de Sidi El Bachir. Le communiqué de la wilaya indique que cette opération s’est déroulée, vendredi soir, pilotée par les services de la commune de Bir El Djir en présence des agents de la sûreté et des représentants de la Direction des services agricoles. Cette action, précise la même source, «s’inscrit dans le cadre de la protection des terres agricoles et de la lutte contre les constructions illicites pour préserver le domaine public».
Des matériaux de construction ont été saisis sur les lieux, prouvant bien que des énergumènes ont tenté de morceler la parcelle agricole en plusieurs lots à bâtir afin de les vendre illégalement à ceux qui veulent construire un habitat précaire illicite permettant de revendiquer un logement neuf.
Les services de la wilaya ont fait savoir qu’une enquête a été ouverte par les services de sécurité et que « les mesures adéquates seront prises à l’encontre de ces contrevenants… toutes les personnes impliquées feront l’objet de poursuites judiciaires».
On devrait bien évidemment applaudir et se féliciter de cette opération engagée par les pouvoirs publics pour préserver le patrimoine foncier de l’Etat des squatteurs-prédateurs qui s’enrichissent illicitement en surfant sur la misère et le dénuement des familles en quête de toit décent. On se souvient, l’an dernier, que l’un des plus grands bidonvilles de la wilaya, situé dans cette même localité à Sidi El Bachir a été rasé après le relogement de plus de 1.600 familles. Au lendemain de l’indépendance, toute cette zone rurale de Sidi El Bachir n’était constituée que de baraquements illicites implantés sur des terres agricoles, et formant l’un des plus grands douars de misère ceinturant la ville d’Oran.
A ce jour, l’absence de compétence et de stratégie locale d’intégration et régulation de la croissance urbaine laisse la porte ouverte à toutes sortes d’abus et de dérives.
A Bir El Djir, comme dans la commune d’Es-Sénia des opérations de démolition de constructions illicites érigées ici et là sur des terrains dits agricoles sont régulièrement annoncées et médiatisées comme s’il s’agissait d’un exploit hors normes méritant tous les éloges. En réalité, si l’on devait comparer le nombre de baraques illicites démolies avec celui des nouvelles constructions illicites réalisées un peu partout, même sur des sites parfois plusieurs fois rasés, on se rendrait bien compte de l’ampleur du fléau des bidonvilles devenu irréductible.
A chaque annonce d’attribution de logements sociaux pour les occupants de bidonvilles, comme pour la célèbre «CUMO», les Planteurs, Ras El Ain ou Sidi Chahmi, de nombreuses nouvelles familles accourent s’installer sur les sites dans la perspective de bénéficier d’un logement… Jusqu’à quand? A Oran, comme ailleurs, il serait bien temps de présenter le vrai bilan chiffré de la lutte contre les constructions illicites pour la protection des terres agricoles et forestières… On serait surpris et choqué par l’ampleur des échecs, des platitudes, des incohérences et du renoncement collectif !
Par S.Benali

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