Economie/2023: indicateurs économiques et financiers, réforme bancaire en perspective
Pour la troisième année consécutive, l’Algérie continue à afficher un progrès significatif en termes d’indicateurs économiques et financiers du fait des réformes structurelles opérées par les pouvoirs publics dans les secteurs de l’économie réelle, de l’investissement ou encore de celui des banques qui fera, en 2024, l’objet d’une «profonde réforme» dans le cadre de cette lancée économique.
Les performances économique et financière de l’Algérie ont été propulsées, en 2023, par une avalanche de textes et de lois ayant consacré des réformes inédites, en têtes desquelles la loi monétaire et bancaire ainsi que la loi sur le foncier économique qui fait suite à la nouvelle loi sur l’investissement, ce qui permettra l’accélération de la dynamique d’investissement outre le lancement de milliers de projets aux niveau local et national, après de longues années d’inertie imposée par des contraintes bureaucratiques délibérées.
Tout en restant sur la même lancée positive de 2022 qui a été marquée par la reprise post-Covid-19, l’année 2023 s’est caractérisée, en outre, par la poursuite du renforcement des indicateurs de croissance, permettant ainsi à l’Algérie de prévoir une croissance de 4,2% au terme de l’année, selon les estimations contenues dans le rapport de l’exposé de la loi de finances 2024.
Selon les mêmes prévisions, la balance commerciale enregistrera un excédent de 14,4 milliards USD, contre 11,3 milliards USD prévus dans la loi de finances rectificative 2022, tandis que la réserve de change devrait atteindre 73 milliards USD à la fin de l’année en cours (l’équivalent de 17,8 mois d’importation), contre 61 milliards USD au terme de l’année 2022.
Ce qui rend cette année remarquable est, sans doute, la mobilisation d’un budget qui, en effet, est le plus important de l’histoire de l’Algérie indépendante avec un total de dépenses avoisinant les 13.800 milliards DA au titre de la loi de finances.
Ce Budget permettra de poursuivre les efforts visant à maintenir un niveau meilleur des transferts sociaux mais aussi à appuyer le pouvoir d’achat des citoyens à travers la révision de la grille indiciaire des salaires, l’augmentation de la pension du chômage, et le renforcement du programme d’investissement pour une croissance inclusive.
Ainsi, un intérêt particulier a été accordé au secteur bancaire, eu égard à son rôle fondamental dans l’accompagnement des opérateurs économiques, producteurs et exportateurs.
Et de préciser que cet intérêt accordé au secteur bancaire, étant l’épine dorsale de toute dynamique de développement, s’est concrétisé, en 2023, à travers la création de la Banque nationale de l’Habitat, l’un des engagements du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, parallèlement à l’accélération du programme de modernisation des banques et du développement de l’inclusion financière, ayant permis d’assurer un large éventail de mécanismes de financement alternatifs, dont la finance islamique qui enregistre désormais des taux élevés et inédits depuis le lancement, en 2020, de son nouveau système juridique tant en matière de financement de projets que pour les dépôts.
Les statistiques font ressortir que la part des dépôts, dans le cadre de la finance islamique par rapport au total des dépôts bancaires, a quadruplé en 2023 en comparaison avec les chiffres enregistrés ces dernières années, avec un total de revenus recouvrés dépassant les 800 milliards DA, tandis que l’assurance Takaful, lancée en 2021, a enregistré une croissance de près de 77 % durant le premier semestre 2023, avec un chiffre d’affaires dépassant 90 milliards de DA à la fin septembre.
Implantation de banques algériennes à l’étranger et ouverture des capitaux de deux banques publiques via la bourse
Les efforts consentis dans le secteur bancaire durant l’année en cours ont permis l’ouverture, pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie, des premières agences bancaires nationales à l’étranger.
Il s’agit de l’Algerian Union Bank (AUB) dans la capitale mauritanienne Nouakchott, et de l’Algerian bank of Senegal (ABS) à Dakar, une démarche s’inscrivant dans le cadre des efforts visant à promouvoir et à accompagner les investissements nationaux en Afrique outre les changes commerciaux avec les autres pays du continent.
Cette dynamique se poursuivra prochainement avec l’ouverture d’agences de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) dans les grandes villes françaises où se concentre, principalement, la communauté algérienne.
Dans le cadre de la poursuite de l’approche de modernisation du secteur bancaire, l’année 2023 devrait être couronnée par l’ouverture partielle du capital de la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance «CNEP-Banque» et de la Banque de développement local (BDL), à hauteur de 30 % pour chacune.
Et de rappeler que l’Etat, par le biais du président de la République, avait annoncé l’ouverture de la voie à la création de banques privées.
Ce projet important vise, entre autres, la redynamisation de la Bourse d’Algérie, le développement de la gestion bancaire, et le renforcement de la transparence et des modes de gouvernance en tenant compte des méthodes de gestion modernes, d’autant que cette opération tend à associer le secteur privé à la gestion de ces établissements financiers et à créer un climat de concurrence qui profite aux clients des banques et à l’économie nationale en général.
Ce projet intervient en prévision du lancement d’un projet ambitieux de réforme du système bancaire au cours de l’année prochaine.
Le Président de la République avait mis l’accent sur l’impératif de «placer la réforme du système bancaire dans le cadre d’une nouvelle approche globale et intégrée captant les fonds circulant en dehors du circuit bancaire, afin de faire de l’année 2024, celle de la réforme bancaire profonde».
Cette réforme donnera inéluctablement un nouvel élan au secteur financier, qui s’apprête à des mutations profondes dans un proche avenir, notamment avec le nouveau prochain départ de la Bourse d’Algérie à travers la création de nouveaux mécanismes permettant de faciliter les opérations de financement des entreprises et des projets et de simplifier les conditions d’introduction en bourse.
Cette dynamique sera boostée, en outre, par l’émission des Sukuk islamiques qui serviront d’outils de financement supplémentaires et alternatifs, outre la relance du mode de financement par emprunt obligataire.