
EHU d’Oran : la sclérose en plaque en débat
Le nombre de cas de sclérose en plaques enregistrés dans notre service constitue un indicateur préoccupant d’une augmentation des diagnostics à un âge de plus en plus jeune, a affirmé la cheffe du service de neurologie près l’établissement hospitalier universitaire 1er Novembre d’Oran, la professeure, Amina Chentouf.
«Parmi ces cas, figure une fillette de seulement 8 ans, ce qui met en évidence l’importance d’un diagnostic précoce pour une prise en charge multidisciplinaire dès les premiers signes, afin d’assurer de meilleures chances de traitement et d’améliorer la qualité de vie des patients», a-t-elle fait savoir.
Lors des portes ouvertes organisées en marge de la Journée mondiale de la sclérose en plaques, la même responsable a indiqué que, selon les statistiques récentes, 5 % des enfants parmi les 1087 patients suivis dans le service sont atteints de cette maladie, précisant que la spécificité du service de la neurologie ne se limite pas au diagnostic et au traitement, mais englobe également une prise en charge globale et intégrée. Celle-ci inclut, a-t-elle fait savoir la rééducation par la physiothérapie, le soutien psychologique pour diagnostiquer et traiter rapidement la dépression, ainsi que l’intervention d’experts en nutrition, essentiels notamment lors des phases de poussées. La sclérose en plaques étant une maladie auto-immune, le système immunitaire attaque le système nerveux central, provoquant inflammation et symptômes variés tels que troubles de la vision, engourdissements, difficultés motrices et d’équilibre. Elle a souligné que ces symptômes peuvent disparaître en quelques jours, ce qui pousse certains patients à les ignorer ou à ne pas consulter rapidement, retardant ainsi le diagnostic et le traitement.
D’où l’importance de sensibiliser le public à la nécessité de consulter un médecin dès l’apparition de ces signes pour une prise en charge précoce, essentielle pour limiter les complications. Spécialiste en neurologie, le Dr Bentebbak Dalila, a, de son côté, affirmé que «les traitements contre la sclérose en plaques sont disponibles en Algérie. Ils comprennent des médicaments pour traiter les poussées ainsi que des traitements de fond, administrés sous forme de comprimés, d’injections mensuelles ou bimensuelles, visant à ralentir la progression de la maladie, prévenir les poussées et éviter l’apparition d’un handicap», a-t-elle expliqué. Elle a également évoqué l’organisation régulière de séances de groupe réunissant neurologues, nutritionnistes et physiothérapeutes, permettant aux patients d’échanger, de mieux comprendre leur maladie et d’améliorer leur état psychologique, un facteur clé pour vivre avec cette pathologie.
L’aspect psychologique a été également abordé par Ziouane Karima, psychologue au service de neurologie, qui a insisté sur l’importance d’un accompagnement psychologique pour aider le patient à accepter la maladie, à gérer la dépression et les troubles associés. Elle a précisé que la dépression peut être passagère ou chronique, et que le rôle du psychologue est de faire la différence.
La maladie pouvant aussi entraîner des troubles cognitifs, elle réalise des évaluations spécialisées pour diagnostiquer ces dysfonctionnements. La nutritionniste Adjal Nabila a souligné que l’alimentation joue un rôle important dans le soutien du système immunitaire et la réduction de l’inflammation.
Elle recommande un régime équilibré riche en légumes, fruits, céréales complètes, poissons et viandes blanches, tout en limitant la consommation de sucres, de graisses, de sel et de sucres rapides, surtout lors des phases aiguës. Spécialiste en physiothérapie, Amina Hachemi a quant à elle insisté sur l’importance des programmes d’exercices à domicile, comprenant des exercices d’équilibre, d’étirement, de renforcement musculaire et de marche, pour améliorer l’autonomie des patients et réduire leur dépendance aux soins quotidiens. En clôturer cette journée d’information, des brochures éducatives ont été distribuées aux participants, contenant des conseils et des recommandations de la part des différents spécialistes. La manifestation a été marquée par une forte interaction avec le public, avec de nombreuses questions posées par les patients et leurs proches, auxquelles les professionnels ont répondu avec clarté, renforçant ainsi la sensibilisation sur cette maladie chronique.
Yacine Redjami