L’augmentation unilatérale des prix de produits à large consommation a atteint, ces derniers jours, les cimes les plus élevées, dans les communes côtières de la daïra d’Aïn El Turck, notamment dans les localités situées sur le territoire du chef lieu et ce, en violation aux règles élémentaires en vigueur, relatives au code du commerce, Ce malheureux état de fait est relevé plus particulièrement chez les marchands, installés dans le marché des fruits et légumes du chef lieu de ladite daïra.
L’informel, qui s’est accaparé de larges espaces au sein de ce souk, devenu trop exigu, et dans ses abords immédiats, semble également profiter de cette aubaine, en imposant sa présence et ses prix au même titre que les autres commerces autorisés. Certains de ces derniers n’ont cependant pas hésité à se reconvertir illégalement dans une activité, de manière illicite, encore plus rémunératrice, synonyme d’une recette beaucoup plus élevée.
« La grande majorité des commerçants nous fait subir une véritable saignée. Les prix d’un seul produit et de surcroît de la même qualité, diffèrent d’un magasin à un autre. C’est aberrant, mais nous nous demandons s’il existe vraiment des contrôleurs dans ce secteur névralgique » a déploré avec amertume une ménagère de la commune d’Aïn El Turck. En effet, les prix des légumes secs, qui ont, en plus, connu une subite envolée, ne sont nullement alignés. Chaque établissement fixe vraisemblablement de manière unilatérale ses tarifs, créant ainsi une grande perturbation dans la régulation des activités commerciales et ce, avec toutes les répercussions négatives sur le budget des petites et moyennes bourses. «Les prix des haricots blancs et des pois chiche sont proposés à des prix exorbitants chez les établissements tandis que d’autres les cèdent encore beaucoup plus chers pour le même poids et la même qualité. C’est un exemple parmi tant d’autres et nous ne pouvons concevoir cette spéculation, qui ne dit pas son nom » a fait remarquer avec une pointe de dépit un responsable de famille. Des déclarations similaires et des conclusions lourdes de sens, ont été formulées par d’autres interlocuteurs, qui ont été abordés à ce sujet. Dans ce triste constat, la palme revient incontestablement aux établissements de commerces, autorisés ou informels, versés dans la vente de l’alimentation générale installés dans le chef-lieu.
« Le plus des imperturbables est choqué lorsqu’il consulte son addition après avoir effectué des achats de tous les jours » se sont insurgés presque en écho des ménagères. Signalons par ailleurs que tous nos interlocuteurs revendiquent à l’unanimité une véritable opération d’assainissement dans les différents domaines du secteur du commerce. Notons selon le constat que l’indigence des esprits des uns et l’impavide laisser-faire des autres, majorés avec la crise sanitaire, ont grandement contribué à ce piteux état de fait et à l’envahissement sordide de l’informel dans la municipalité d’Aïn El Turck à l’instar des trois autres communes que compte la daïra. En effet selon ce constat, sans avoir l’air d’y toucher, l’illicite a fait main basse sur presque tous les espaces publics de la municipalité d’Aïn El Turck, notamment les abords immédiats du marché communal, où une multitude de revendeurs à la sauvette naviguent allègrement dans le sillage de diverses activités exercées assez souvent à même le sol.
Pendant que le regard inquisiteur veille à la stricte application des mesures de protection pour lutter contre la pandémie de Covid-19, la spéculation sur lesdits produits et l’informel poursuivent, entre temps, doucement mais surement, leur bonhomme de chemin, sans se soucier de la jaspinerie des ménagères aux revenus modestes. «La suprême ironie du sort offre l’opportunité à ces revendeurs, à la mine patibulaire, de justifier leur écorne à travers le fait qu’ils s’échinent à longueur d’année pour tenter de nourrir leur famille et tenter un tant soit peu de surmonter l’opprobre dans lequel ils se débattent à huit clos.
Ils sont finalement beaucoup plus à plaindre qu’à blâmer» a philosophé un riverain de la rue de la Vieille Mosquée, qui longe l’entrée sud dudit marché, avant de renchérir avec une humeur bilieuse que « le prix au kilo de la pomme de terre et des sardines, qui constituaient l’essentiel du plat du pauvre, donne le tournis au plus imperturbable. Allons-nous encore pendant longtemps subir cette innommable saignée ? Une opération d’assainissement devrait cibler en urgence le secteur du commerce ».
Rachid Boutlélis