Gestion du vieux bâti: le renoncement et l’échec récurrent
Les services du CTC, organe de contrôle technique des constructions a été une nouvelle fois chargé d’établir un rapport détaillé sur la situation du vieux bâti dans les vieux quartiers d’Oran, notamment à Sidi El Houari et Haï Derb, précisent les services de la wilaya sur le site officiel de l’institution.
Les mêmes sources indiquent que le CTC aura pour mission de recenser les immeubles à démolir et ceux à réhabiliter.
Rien d’étonnant ni de surprenant pour les Oranais anonymes qui apprennent cette information relayée par des journaux locaux, si ce n’est de constater que ce genre d’opération de recensement et de classement des vieux immeubles par ordre de fragilité et de risques d’effondrement est une vieille tradition de gestion du vieux bâti qui se répète depuis plus de quarante ans, notamment dans le vieux quartier historique de Sidi El Houari et dans certaines zones urbaines du centre-ville laissées depuis longtemps à l’abandon.
On se souvient que lors d’une réunion du conseil exécutif tenu au siège de l’APC d’Oran, le maire avait indiqué que «les services de la commune travaillent en collaboration avec l’ensemble des services et organismes concernés pour élaborer un rapport d’expertise qui tient compte de la structure des constructions et du bâti mitoyen afin d’éviter d’éventuels accidents lors d’une éventuelle démolition».
En d’autres termes, il faut comprendre qu’une vieille bâtisse déclarée à risque d’effondrement, ne peut pas être démolie si elle risque de provoquer dans sa chute l’effondrement de l’immeuble mitoyen.
Un problème technique connu et signalé depuis très longtemps par des urbanistes oranais qui connaissent les structures du vieux bâti et le vieux mode de construction des ilots d’habitat dans les vieux quartiers.
Mais alors pourquoi et comment, à chaque changement de responsables gestionnaires au sein des institutions locales, ce constat sur les risques techniques liés à la démolition des vieilles bâtisses est avancé comme «argument nouveau» expliquant les retards et les défaillances du programme de gestion du vieux bâti, en termes de recensement, de démolition ou de réhabilitation ? Un ancien cadre du secteur de l’habitat, en retraite depuis longtemps, explique qu’un grand nombre d’études et de propositions ont été élaborées depuis des décennies en matière de réhabilitation et de sauvegarde du quartier de Sidi El Houari.
Des projets, sur maquettes et tableaux, ont été souvent présentés à presque tous les walis qui se sont succédés à Oran, sans que l’on sache trop ce que sont devenus plus tard ces travaux d’études et ces documents.
Notamment les copies transmises à l’APC d’Oran où les nouveaux élus arrivés aux commandes décident souvent, à leur tour, de confier le projet d’étude à un autre bureau, devenu nouveau partenaire de la commune le temps d’un mandat.
Le vieux bâti oranais, comme bien d’autres dossiers importants tels que l’hygiène et la collecte des ordures, l’évacuation des eaux pluviales, l’assainissement et la maintenance urbaine, illustrent à ce jour, depuis plus d’un demi-siècle, le renoncement et l’échec récurrent qui affecte la gestion des missions élémentaires de la commune. Jusqu’à quand?
Par S.Benali