Oran Aujourd'hui

Jardins urbains: la culture des improvisations !

Inauguré il y a quelques années sur la frange marine à l’est d’Oran, le jardin, abusivement  baptisé « jardin méditerranéen», devait être selon les discours de l’époque un grand  espace vert avec des allées d’arbres et de plantations, des nappes d’eau artificielles, des fontaines, des décors floraux et d’aires de repos offrant un splendide panorama sur la mer. Malheureusement, ceux qui visitent aujourd’hui cet espace sont à la fois surpris et désolés par l’état des lieux de ce jardin terni par l’envahissement anarchique de nombreux jeux de manèges et de toboggans aux armatures souvent rouillées et ternies par le temps.

Cet espace, occupé par des aires de jeux d’enfants implantées par des bénéficiaires de concession de parcelle de terrain, ressemble plus à un parc d’attraction ou à une kermesse  foraine qu’à un jardin verdoyant ouvert sur la façade maritime de la ville d’Oran. Un confrère de la presse locale n’a pas hésité à dénoncer «l’appât du gain qui a poussé bon nombre de présumés opérateurs à venir  s’accaparer peu à peu de cet espace vert  pour le détourner, à leur profit,  de sa vocation initiale». Selon un membre du comité représentant les riverains habitants les immeubles faisant face à ce jardin, la déception et la désolation ne cessent de grandir face à ce qu’ils qualifient de véritable détournement d’un grand espace vert  par des privés qui ont choisi de le transformer en mini-parc d’attractions.

Un phénomène, expliquent des observateurs avisés qui a été favorisé depuis plus de six ans par des gestionnaires municipaux soucieux avant tout de trouver des ressources pour atténuer le déficit budgétaire chronique de l’APC. Ils ont choisi pour cela de donner en concession quelques mètres carrés de jardin à des particuliers en contrepartie de petites redevances annuelles sans grand impact sur le déséquilibre financier de la Mairie. Mais ce qui est encore plus choquant est le fait que les gestionnaires municipaux n’ont jamais pris en considération les attentes et les préoccupations des habitants qui avaient chaleureusement applaudi au projet d’aménagement de ce qui devait être un «Jardin méditerranéen». Un cadre de la wilaya aujourd’hui en retraite explique au chroniqueur qu’il fallait s’attendre à cette forme de régression  depuis que certains acteurs, parmi des sphères associatives et des élus locaux, ont avancé l’idée, chargée d’arrières pensées, de rebaptiser ce «jardin méditerranéen» pour le nommer «jardin citadin». Depuis les carrés de fleurs et de gazon, les allées de promenade, et le joli mobilier en bois ont été ici et là remplacés par de vulgaires kiosques à café, snacks, et autres baraques commerciales. L’entreprise publique de wilaya ORAN-VERT, en principe chargée de l’entretien et de la protection de ce jardin est restée aux abonnés absents,  car n’ayant pas de compétence dans l’affectation et l’occupation des terrains. Un imbroglio dans l’organisation et le fonctionnement des structures de  gestion qui s’ajoute à une sorte d’immunité ambiante favorisant la culture de l’échec et des médiocres tâtonnements… Ainsi va Oran.

Par S.Benali

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