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Les Algériens célèbreront demain l’Aïd el-Adha:
La fête du sacrifice au temps de la Covid-19

L’Aid el-Adha de 2021 conserve toute son importance dans les esprits et continue de peser lourd dans les aspirations de la société algérienne. On retiendra la bonne communication des instances religieuses qui, faut-il le préciser, se sont admirablement adaptées à la situation sanitaire exceptionnelle.

L’Algérie s’apprête à accueillir, demain, l’Aïd el-Adha, dans un contexte inhabituel, à l’image de l’ensemble des pays musulmans. La hausse des contaminations, les incessants appels à la vigilance lancés par les pouvoirs publics et les autorités religieuses, la grave pénurie d’eau et la canicule qui sévit dans de nombreux points du pays, sont autant de facteurs susceptibles de plomber l’ambiance de la fête la plus importante de l’agenda religieux. Intervenant au lendemain du Hadj, un pilier de l’Islam, l’Aïd el Adha renforce l’identité des musulmans de par le monde et donne toute sa dimension universel à la religion du Livre sacré, le Coran.
Soumis à des contraintes sanitaires, climatiques et socioéconomiques, les Algériens tenteront tout de même de trouver le moyen de célébrer l’Aïd dans la joie qu’on leur connaît en pareille circonstance. «Je n’ai pas encore achetez le mouton. Je compte le faire demain dans l’espoir d’une baisse des prix. Mais je ne me fais pas beaucoup d’illusion», affirme sans grande conviction un quadragénaire, père de trois enfants, dont le souci est ailleurs. «Je ne sais pas comment on va pouvoir assurer le rite sans eau, avec ces coupures intempestives», se désole-t-il. Mais ces problèmes ne sont pas pour entamer l’enthousiasme légendaire qu’il partage avec tous les Algériens. «La prière de l’Aïd est un moment fort», dit notre père de famille qui affirme se retrouver «dans une communion planétaire avec tous les musulmans du monde». Sauf que pour cette année encore, les accolades sont proscrites pour cause de Covid-19. Cela gâchera-t-il la fête pour autant ? Non, répond notre interlocuteur qui place la symbolique au delà des contingences du moment. «C’est une fête éternelle», explique-t-il, soulignant par le même l’importance de ce genre de rendez-vous religieux pour souder les liens sociaux et donner du sens à la collectivité.
Cette vision très idéalisée de l’Aïd el Adha ne semble pas tenir dans la réflexion d’un jeune de 24 ans qui place le débat sur les aspects strictement matériels. «Je cherche du travail depuis des années, sans succès. Comment voulez-vous que je me sente bien lorsque je me vois impuissant à aider ma famille pour achetez le mouton», peste-t-il.
La prière de l’Aïd, les échanges de vœux et autres aspects de sociabilité qu’encourage la fête du sacrifice ne disent pas grande chose à ce jeune homme qui met la barre au plan strictement financier. Cela dit, notre interlocuteur n’omet pas la dimension religieuse et raconte avec beaucoup de plaisir les origines de la fête et déplore que la saison du Hadj n’ait pas eu lieu pour la seconde année consécutive. «La pandémie a tout chamboulé, mais je pense que quoi qu’il arrive, il faut tenir à nos préceptes religieux», dit-il, non sans regretter de se sentir exclu pour des raisons strictement économiques. Mais dans son cas, comme dans tous les autres cas de figures, l’Aid el Adha de 2021 conserve toute son importance dans les esprits et continue de peser lourd dans les aspirations de la société algérienne.
On retiendra également pour cette année, la bonne communication des instances religieuses qui, faut-il le préciser, se sont admirablement adaptées à la situation sanitaire exceptionnelle. Ainsi, la Commission de la Fatwa qui relève du ministère des Affaires religieuses a mis en avant, l’impératif respect des mesures préventives, en vue d’empêcher l’augmentation de la propagation du coronavirus, et ce, en appliquant quelques précautions relatives à la prière de l’Aïd et au sacrifice du mouton.
Dans un communiqué, la Commission de la Fatwa a indiqué que pour les précautions relatives à la prière de l’Aïd, «les mesures accompagnant la prière de Vendredi, doivent être appliquées, dont le respect des horaires d’entrée et de sortie aux mosquées et salles de prière, tout en allégeant la prière de l’Aïd et ses deux prêches, comme c’est le cas pour la prière de vendredi». La préservation de la santé de tous est considérée donc comme un devoir religieux.
Yahia Bourit

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