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Constructions illicites:
La réhabilitation, une réponse à la problématique ?

Un ex-wali d’Oran, qui avait admis que la lutte contre le phénomène des constructions illicites n’est pas du tout une mission facile, avait proposé, comme solution alternative à la problématique, la réhabilitation puis la réaffectation des biens réalisés illicitement.

Avec pas moins de 50.000 habitations illicites enregistrées à Oran, il est envisagé la réhabilitation d’au moins la moitié d’entre elles, notamment pour celles qui respectent certains critères », avait-il déclaré alors à la presse. Et d’ajouter que « l’idée avance à grand pas d’ailleurs, des discussions sont en cours avec les maires et les chefs de daïras pour décider du sort de ces habitations qui peuvent être préservées », tout en confiant que la tâche ne serait pas des plus aisée, mais non insurmontable. Toujours selon cet ex responsable, « lutter contre les constructions illicites, revenait d’abord à lutter contre les réseaux de courtiers et de spéculateurs, ce que les pouvoirs publics feront sans relâche, avait-il martelé, mais qu’ils ne pourront faire indéfiniment », avait-il rétorqué. Quelques années après, où en est-on dans ce dossier ?
La politique de relogement menée tambour battant par l’Etat, n’a pas pour autant endigué l’avancée du phénomène, en raison de la persistance des spéculateurs qui ne se gênent pas de transgresser la loi à chaque fois que l’occasion leur est offerte. D’ailleurs, il n’est pas étonnant aujourd’hui de constater que ces populations occupant les bidonvilles, ont réincarné , à leur façon, la configuration géographique de la wilaya d’Oran, notamment au niveau de certaines communes et autres localités donnant naissance à des hameaux identifiables par leurs appellations de « douar Tiartia », « douar Chelfaoui », « douar El Ghilizanyine », et bien d’autres aux appellations toutes aussi singulières, voire loufoques, à l’instar de « Dubaï » , «Douar el Knayene», à l’Est de la wilaya. L’impact désastreux sur la vie socioéconomique de la wilaya suite à l’installation de ces nouvelles populations disséminées dans les périphéries d’Oran ne s’est pas fait attendre jusqu’à complètement désorganiser le schéma social existant, par des besoins en logements et postes d’emplois, pratiquement impossibles à satisfaire en un temps assez court. La gangrène de la spéculation, fera le reste, et va saper toute velléité de planification pour rendre encore plus compliquée l’initiative de relogement dans la wilaya d’Oran. D’où la proposition de cet ex wali de s’orienter vers la solution de la réhabilitation, qui consiste à la conservation de la totalité ou d’une partie des habitations en procédant à leur aménagement, voire leur amélioration, pour les rendre habitables et les réaffecter de manière autorisée à leurs occupants.
Ainsi, ces propriétaires, une fois en situation de conformité avec la loi, ne sont plus éligibles au relogement. Du temps de cet ex-wali, le principe de la réhabilitation avait requis l’approbation de l’exécutif chargé de l’habitat dans la mesure où, la démolition des constructions illicites réclamait d’importants moyens financiers et qu’en face, l’ambitieux plan de relogement de ces milliers de familles, ne pouvait être totalement satisfait.
Du coté de la population concernée, l’idée n’était pas pour leur déplaire, pour peu que les « promoteurs» d’habitations illégales satisfaisaient aux critères requis préalablement fixés par la commission technique constituée en ce temps là à cet effet. Il est vrai que la conjoncture socio-économique d’alors n’avait pas permis d’aller au bout de certaines décisions, dont à priori celle de la réhabilitation, mais la question qui se pose aujourd’hui, est celle de savoir si elle requiert toujours l’intérêt des pouvoirs publics, ou bien, est-elle définitivement enterrée ? La bataille que mènent les pouvoirs publics sur deux fronts, le premier celui de la lutte contre les fraudeurs et les spéculateurs du foncier et le second, celui de mener à bien et à son terme la politique de relogement et la lutte contre l’habitat précaire par l’éradication des bidonvilles, s’assimile à un combat contre une hydre à sept têtes. Les chefs d’exécutifs de wilaya qui se sont succédé à Oran se sont bien rendus compte de l’étendue de la tâche pour la résolution de cette problématique des constructions illicites.
Karim Bennacef

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