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Lac Télamine : une zone humide d’importance internationale en quête de plan de sauvetage

Point d’hivernage de centaines de milliers d’oiseaux migrateurs qui fuient l’Europe en hiver pour profiter de températures clémentes dans la rive sud de la Méditerranée (Afrique du nord), le Lac Télamine à Oran fait face à plusieurs menaces écologiques nécessitant, de l’avis de spécialistes, un plan de sauvetage.

Classé dans le cadre de la convention Ramsar, ce lac salé situé à une dizaine de kilomètres de la ville d’Oran est l’une des plus importantes zones humides de la région Ouest du pays, qui constitue un lieu de regroupement de milliers de flamants roses offrant, chaque année, un spectacle unique pour les amoureux de la nature.
Cette année et pour la première fois depuis des décennies, le niveau d’eau dans cette zone humide s’étendant sur plus de 2.400 hectares, est à son plus bas niveau, à tel point que ces élégants échassiers se font rares.
Arborant la route de Gdyel (25 km à l’Est d’Oran), où l’eau n’était autrefois qu’à quelques mètres, le lac ne semble plus le même.
La terre ferme a gagné du terrain et ce plan d’eau, dont la couleur est passée du bleu gris au blanc minéral selon les moments de la journée et le temps qu’il fait, parait tari.
Mohamed Akroum, président de l’association «Boudour», un fervent défenseur de l’écosystème, engagé dans la préservation de ce site naturel depuis des années, dit miser sur les dernières précipitations qui «tombent à pic».
Le niveau d’eau commence à remonter, fait-il remarquer tout en espérant que la pluviométrie soit encore plus abondante dans les prochaines semaines.
Le dénombrement hivernal qui se fait chaque année par la Conservation des forêts de la wilaya d’Oran fait état d’une chute vertigineuse du nombre de flamants roses au Lac Télamine.
Environ 1.500 seulement fréquentent le site contre une moyenne de 30.000 dans les dernières années, a indiqué Mohamed Chami, chef du bureau de la protection de la faune et de la flore au niveau de cet organisme.
«Nous effectuons les dénombrements toujours dans la même période de l’année, entre le 10 et le 30 janvier », a fait savoir le même responsable, signalant qu’en cette période les oiseaux restent dans l’eau et ne bougent plus pour renouveler leur plumage.
Le spectacle qu’offrent les élégants échassiers, qui s’empourprent à la saison des amours, draine des visiteurs de tout bord, notamment les photographes et les ornithologues, amateurs et professionnels, à la recherche de clichés spéciaux et d’espèces rares.
Cette année, le nombre des flamants roses et autres oiseaux migrateurs est très réduit, dit-il, notant que la baisse du niveau d’eau accentue la concentration de la pollution dans cette zone humide.
«Les oiseaux migrateurs sont plutôt attirés par d’autres sites pas très loin qui offrent de meilleures conditions de nichage dont la grande Sebkha d’Oran», a-t-il relevé.
Lac Télamine forme avec d’autres zones humides de la région un complexe d’hivernage et de passage important pour les oiseaux migrateurs, selon le site de l’organisation «Ramsar» qui conçoit, entre autres, que ce lien s’ajoute aux multiples dimensions du prolongement de la région méditerranéenne et entre ses deux rives.
«Le flamant rose hiverne dans le site en nombres importants tout comme le tadorne de Belon», selon de même source.
Quelque 10.000 mètres cubes d’eaux usées provenant d’un nombre de collectivités locales ainsi que de la zone industrielle de Hassi Ameur sont déversés quotidiennement dans ce site.
Le directeur des Ressources en eau, Azzeddine Felfeli, a affirmé que ce problème est sur le point d’être réglé grâce à la réalisation d’une station d’épuration des eaux usées (STEP) à Gdyel d’une capacité de 50.000 m3 par jour, soit 350.000 équivalent habitant.
Un document émanant de la cellule de communication de l’Office national de l’assainissement (ONA), maître d’ouvrage, indique que les procédures d’évaluation des offres le concernant ont été lancées.
Le démarrage du chantier de réalisation et les délais de réception du projet n’ont toutefois pas encore été communiqués.
A la pollution par les eaux usées, s’ajoutent les problèmes des chiens errants, du rejet des déchets inertes et du braconnage qui constituent également des menaces que les autorités combattent quotidiennement avec l’apport considérable de la société civile.
La Conservation des forêts organise régulièrement des campagnes pour lever les déblais, alors qu’une commission de wilaya pour la lutte contre le braconnage et la protection des espèces protégées a été récemment constituée, apprend-on auprès de l’association écologique et ornithologique «Chafii Allah» et d’organismes publics comme la direction de l’Environnement, la Conservation des forêts et la Gendarmerie.
Cette commission a pour mission de mettre un terme aux activités des braconniers et de trouver des solutions aux différents problèmes posés par rapport à la préservation des espèces protégées dont le flamant rose.

Le lac Télamine, un site de nidification des flamants

En sus du consensus présentant la saline de Télamine comme site d’hivernage du flamant rose, une étude menée par un laboratoire de recherche de l’université de Guelma a prouvé qu’il s’agit d’un site de reproduction.
Une raison supplémentaire pour prendre plus de mesures pour la conservation du site, estiment les spécialistes.
L’étude menée en 2015 par le Laboratoire de conservation des zones humides de l’université de Guelma (Est du pays) a pu prouver que le flamant rose se reproduit bel et bien dans le lac Télamine, a affirme Pr Bouzid Abdelhakim, enseignant à l’université de Ouargla, membre de ce laboratoire.
Ayant mené des visites régulières au Lac Télamine entre 2015 et 2019 (arrêt des visites à cause de la crise sanitaire du Covid-19), ce chercheur a soutenu qu’une seule tentative réussie de nidification a été observée en 2015, faisant remarquer que les études dans les années suivantes ont échoué, en grande partie, à cause de la présence de chiens errants.
«Les flamants roses sont très sensibles», a-t-il expliqué, soulignant que ces échassiers quittent le nid et les oeufs dès qu’ils sentent une quelconque menace.
Toutefois, Pr Bouzid reste optimiste et espère baguer des flamants roses natifs du lac Télamine dans les prochaines années, comme il l’a fait avec des dizaines autres nés dans des zones humides à Ain Mlila (Est du pays), Ouargla et Ménéah (Sud-est), dans le cadre des activités du centre de recherche méditerranéen des zones humides dont il fait partie.

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