EDITO

L’Algérie et la Tunisie construisent le Maghreb

La visite d’Etat qu’effectue, depuis hier, le président de la République en Tunisie est porteuse d’un espoir légitime de voir les destinées des deux peuples, algérien et tunisien, entremêlé dans une dynamique de développement tous azimuts. Cette perspective est réellement à la portée des deux pays, compte tenu d’un passé rayonnant en matière d’excellentes relations politiques et fraternelles. Il reste que cet espoir n’a pas à se limiter au bilatérale. Il y a effectivement dans la volonté exprimée par Alger et Tunis une vision plus élargie. Il est bien entendu question de l’édification du Maghreb. Il faut dire ici et maintenant que la trahison du Maroc ne saurait compromettre un rêve que se partagent les peuples de la région. L’Union du Maghreb peut se faire au nez et à la barbe du Makhzen. Et pour cause, ce sentiment algéro-tunisien de relance de l’action politique et économique au sein de l’espace nord africain que partagent de nombreux observateurs, vient de cette disponibilité véritablement patriotique à l’échelle du Maghreb à donner plus d’importance au développement des relations avec leur voisinage immédiat que d’aller chercher de faux soutiens en Occident et en Israël.
Les demandes d’aide clairement formulées à l’Algérie par les responsables de la Tunisie, de la Libye et la Mauritanie en matière économique et sécuritaire ont ceci de réellement intéressant est qu’ils cimentent l’unité maghrébine. Il faut dire, au passage, que le Premier ministre libyen et la cheffe du gouvernement tunisienne ont trouvé en face d’eux des responsables véritablement à l’écoute et tout à fait disposés à apporter l’expérience et l’expertise des cadres algériens pour permettre aux peuples tunisien et libyen de sortir de la phase de transition avec le moins de dégât possible.
En montrant une grande disponibilité à l’égard de ses voisins, l’Algérie ne fait que défendre ses propres intérêts et ceux du Maghreb. Et pour cause, et l’histoire récente le prouve quotidiennement, les aides européennes et moyen-orientales sont toujours assorties de certaines conditions qui, au final, mettent les gouvernements des pays dans une situation conflictuelle avec leurs propres sociétés. Les « révolutions » maghrébines ont mis les responsables maghrébins devant une situation inédite qui les obligent à travers une coopération intra-région à trouver des solutions aux nouveaux problèmes générés par les changements brutaux dans les régimes.
La réaction des dirigeants libyens et tunisiens est salutaire au sens où elle donne une nouvelle chance historique au Maghreb de s’unir sans intervention étrangère. La visite du Président Tebboune est un grand pas sur la voie de l’intégration effective de la région. A partir d’aujourd’hui, on peut affirmer sans trop de risque de se tromper que le Grand Maghreb repart sur des bases solides et il se fera sans le Makhzen.
Par Nabil.G

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