L’Algérie réagit à l’annulation de l’Accord d’Alger pour le Mali : «Cette décision porte en elle les germes d’une guerre civile»
La décision de Bamako est de nature à créer un climat de grande instabilité dans le pays. Partant, «le peuple malien frère doit savoir que des décisions aussi malheureuses ont prouvé par le passé que l’option militaire est la première menace à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali», explique le ministère des Affaires étrangères.
Au lendemain du communiqué du gouvernement malien, mettant fin à l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali, la réaction algérienne ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué du ministère des Affaire étrangères, l’Algérie «prend acte de cette décision dont elle tient à relever la gravité particulière pour le Mali lui-même», lit-on dans le communiqué, soulignant le fait que le danger vaut également «pour toute la région qui aspire à la paix et à la sécurité, et pour l’ensemble de la communauté internationale», rapporte la même source. On retiendra l’inquiétude de nombreuses nations qui ont mis tout leur «poids et beaucoup de moyens pour aider le Mali à renouer avec la stabilité par la réconciliation nationale», note la même source.
Affirmant que l’Algérie «a un devoir d’information envers le peuple malien frère», le ministère des Affaires étrangères rappelle que la société malienne «sait que l’Algérie n’a jamais failli à travailler à la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger». Le communiqué insiste sur «la sincérité, bonne foi et solidarité indéfectible envers le Mali frère» de l’Algérie.
Le peuple malien «doit aussi savoir et doit se convaincre que la longue liste des raisons invoquées à l’appui de la dénonciation de l’Accord ne correspond absolument ni de près ni de loin à la vérité ou à la réalité», souligne-t-on dans le communiqué. Et d’expliciter la position d’Alger : «il n’a échappé à personne que les autorités maliennes préparaient cette décision depuis bien longtemps». Le ministère des Affaires étrangères en veut pour preuve que «les signes avant-coureurs depuis deux ans en ont été leur retrait quasi-total de la mise en œuvre de l’Accord». Une posture anti-diplomatique qui s’est accompagnée par un «refus quasi-systématique de toute initiative tendant à relancer la mise en œuvre de cet Accord». On retiendra également dans les explications de l’Algérie la contestation des autorités maliennes «de l’intégrité de la médiation internationale, leur désignation de signataires de l’Accord, dûment reconnus, comme dirigeants terroristes, leur demande de retrait de la MINUSMA, l’intensification récente de leurs programmes d’armement financés par des pays tiers et leur recours à des mercenaires internationaux.» Autant d’actes qui annonçaient déjà une intention de rupture, qui fait dire au ministère des Affaires étrangères que «toutes ces mesures systématiquement mises en œuvre ont soigneusement préparé le terrain à l’abandon de l’option politique au profit de l’option militaire comme moyen de règlement de la crise malienne».
Cette décision est de nature à créer un climat de grande instabilité dans le pays. Partant, «le peuple malien frère doit savoir que des décisions aussi malheureuses et aussi malvenues ont prouvé par le passé que l’option militaire est la première menace à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali», rappelle le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Cette décision, soutient-on de même source, «porte en elle les germes d’une guerre civile au Mali, qu’elle diffère la réconciliation nationale au lieu de la rapprocher et qu’elle constitue enfin une source de menace réelle pour la paix et la stabilité régionales». Le Mali «a toujours besoin de paix et de réconciliation. Il n’a aucun besoin de solutions qui ne lui ont apporté par le passé que déchirements, destructions et désolations». Relève-t-on. Pour la diplomatie algérienne, cheville ouvrière de l’Accord d’Alger, qui a éloigné le spectre d’une guerre totale dans ce pays, «répéter ces erreurs du passé, c’est prolonger indûment la tragédie et les malheurs pour le Mali et pour le peuple malien frère».
Anissa Mesdouf