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Gazoduc transsaharien Algérie-Niger-Nigeria:
Le choses sérieuses commencent

L’Algérie a fortement défendu ce projet et l’a inscrit parmi les grands projets du Nepad, dans la foulée de la route de l’unité africaine et la dorsale de la fibre optique censée traverser l’Afrique en partance d’Alger.

Le gazoduc Trans-Saharien Gas-Pipeline (TSGP) qui relie l’Algérie au Nigeria via le Niger n’est pas une vue de l’esprit. C’est désormais un projet reposant sur des bases solides et la perspective de sa réalisation est totalement acquise. On en veut pour preuve la mise en place par les ministres de l’Energie des trois pays d’une feuille de route destinée à séquencer l’immense chantier de plus de 4.000 Kilomètres. C’est dire le caractère titanesque de l’ouvrage, dont la profondeur stratégique ne fait plus débat. Le temps est à l’action et celle-ci a été entamée à travers la signature d’une déclaration commune, à Niamey, pour la mise en branle du projet. En effet, en marge des travaux du 3ème forum et exposition des mines et du pétrole de la Cedeao (Ecomof 2022) par M. Arkab avec le ministre du Pétrole du Niger Mahamane Sani Mahamadou et le ministre d’Etat des ressources pétrolières du Nigeria Timipre Sylva, ont donc adopté la feuille de route qui rend effectif le processus d’accélération de ce projet. L’engagement de mener jusqu’à son terme ce projet stratégique commun a été réitéré. Les trois pays africains ont l’intention d’investir le marché européen à travers les champs gaziers du Nigeria. Lors de la même réunion, le ministre fédéral des Ressources pétrolières du Nigeria, Timipre Sylva, a affirmé que «les trois pays, en tant que pays voisins et africains, devront s’unir aujourd’hui plus que jamais» pour la concrétisation de ce projet. «A partir d’aujourd’hui, nous prenons l’engagement de construire notre partie du gazoduc qui va jusqu’à Kano, à la frontière avec le Niger, et permettre au gazoduc de continuer sur le Niger et atteindre l’Algérie. Je suis ravi de voir que mes frères des autres pays sont aussi engagés dans ce projet», a déclaré le ministre nigérian.
De son côté, M. Arkab a réitéré l’attachement de l’Algérie à l’aboutissement de ce gazoduc et sa disponibilité à mobiliser «tous les moyens» pour réussir ce projet, tandis que le ministre du Pétrole du Niger, s’est félicité des engagements pris par chacune des parties, pour relancer ce «grand projet» en réaffirmant «la volonté du Niger d’y contribuer significativement».
Cette rencontre vient couronner un long processus défendu principalement par l’Algérie qui s’est dépêchée d’inscrire le projet du gazoduc transsaharien parmi les grands projets du Nepad, dans la foulée de la route de l’unité africaine et la dorsale de la fibre optique censée traverser l’Afrique en partance d’Alger. On retiendra la finalisation de l’étude technique de faisabilité.
Les experts ne tarissent pas d’éloge sur l’initiative algérienne. L’expert pétrolier Mourad Preure est quasiment formel : «Le gazoduc aura pour terminal en toute logique Hassi Rmel d’où partent autant les gazoducs transcontinentaux algériens vers l’Espagne, le Portugal et l’Italie, mais aussi les unités de liquéfaction d’Arzew et Skikda». «Toutes ces facilités sont là et ne nécessitent dans le meilleur des cas que des investissements additionnels relativement faciles à amortir», a-t-il expliqué. Pour l’expert, l’Algérie est dans «une perspective forte, aux implications multidimensionnelles avantageuses» pour les pays de la région, mais aussi «moins coûteuse en investissement et en temps».
Rappelons que les estimations financières établies lors du lancement du gazoduc, en 2009, le coût d’investissement était estimé à 10 milliards de dollars. Même si dans l’intervalle les coûts de réalisation ont doublé, l’ouvrage demeure rentable à plus ou moins moyenne échéance. Il faut savoir que le gazoduc est long de 4.128 km dont 1.037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2.310 km en Algérie. Une fois réalisé, il va relier les champs gaziers du Nigeria, dans la région de Wari sur le fleuve du Niger, à la frontière algérienne, pour se raccorder au réseau algérien et d’écouler la production gazière nigériane notamment sur les marchés européens.
Là n’est pas sa seule spécificité, puisqu’il est appelé à alimenter en gaz les régions du Nord, du Nord-est et du Centre du Nigeria ainsi que des pays du Sahel comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Un véritable projet structurant. «C’est un projet très important qui générerait beaucoup d’argent à la fois pour le Nigeria et les autres pays qui y participent», a souligné l’ambassadeur du Nigeria à Alger Mohammed Mabdul. Notons enfin, que le gazoduc transsaharien fournira 30 milliards m3 de gaz par an.
Yahia Bourit

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