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Le cyclone et ses vérités

L’île de Mayotte est totalement française. Cela peut étonner les Français eux-mêmes, mais disons que juridiquement cette île, située à des dizaines de milliers de kilomètres de Paris, est française à la suite d’un référendum d’autodétermination, puisque la population mahoraise a choisi de rester dans le giron de la France. Cette même France qui soutient le Maroc dans son délire colonial de refus de toute consultation populaire sur l’avenir du Sahara occidental. Maintenant que Mayotte est officiellement sortie de la liste des territoires non autonomes, cette île et ses habitants relèvent de la responsabilité exclusive du pouvoir à Paris.
On n’aurait rien dit, si le cyclone qui l’a frappé n’a pas mis à nu les travers de la gestion coloniale. Et pour cause, toute française qu’elle est, Mayotte est un territoire sous domination. Elle garde tous les attributs de la gestion coloniale. On peut en vouloir pour preuve une dominante caractérisée de l’habitat précaire. Le cyclone qui a fait des milliers de morts parmi les mahorais n’aurait pas fait autant de victimes, si Paris s’était occupé de ses administrés. Des logements en dur, il n’en existe que pour une minorité de colons. Oui, il faut bien oser un jour le mot. Pour le reste, les autochtones composés à plus de 95% de musulmans, vivaient dans d’horribles conditions. Plus de 60% des jeunes de cette île sont au chômage. Le revenu moyen n’excède pas les 200 euros. Le territoire est un immense bidonville.
Il est difficile de trouver une quelconque circonstance atténuante à une métropole qui a complètement négligé 300.000 citoyens, en les abandonnant à leur triste sort. Dont celui de manquer d’eau potable ! Ce traitement, inimaginable pour un Français de l’Hexagone, répond parfaitement à un schéma authentiquement colonialiste. Osons donc la cruelle vérité et affirmons que la France d’aujourd’hui conserve quelques relents colonialistes dans ses rapports à son peuple en catégorisant le niveau de citoyenneté. On ne peut objectivement affirmer que le Mahorais musulman a les mêmes droits que le reste des Français. Il en a certainement moins que l’autre musulman qui vit le 93 de la banlieue parisienne et immensément moins que le Français de souche.
Face à cette réalité poignante, que dit la France officielle ? Par la voix de son ministre de l’Intérieur sortant, elle accuse l’immigration d’être à l’origine du désastre mahorais. On aurait tout entendu. C’est comme ça que réfléchissent les élites de la droite extrême en France. Ils font faire à leurs concitoyens un voyage dans les temps dramatiques de la colonisation. Et pour boucler la boucle, le même ministre n’ose même pas dire combien de morts a provoqué le cyclone qui a ravagé Mayotte.

Par Nabil.G

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