Le processus qui débute aujourd’hui ne sera pas de tout repos. Il durera plusieurs années et exigera de la part de l’Etat une grande vigilance pour ne pas refaire les erreurs du passé.
Annoncé par le président de la République, lors du dernier Conseil des ministres, la publication, aujourd’hui, des cahiers des charges portant sur l’importation et la production de véhicules, fera basculer le secteur de l’automobile dans une nouvelle phase que tout un chacun attendait avec impatience. D’abord les opérateurs économiques versés dans l’importation de véhicules neufs. Le cahier des charges les concernant, troisième de la série, dont on ne connaît à ce jour rien du tout, donnera le coup d’envoi d’une dynamique déjà vue par le passé. On s’attend, en effet, à un processus de dépôt des dossiers par les concessionnaires. Ces derniers sont traditionnellement nombreux et l’on verra certainement une bousculade devant le «portail» du ministère de l’Industrie. Une étape nécessaire et incontournable qui durera quelques semaines, selon ce que stipule le cahier des charges en question. C’est dire que la mécanique de l’importation des véhicules neufs mettra quelque temps avant de s’ébranler. En attendant, force est de reconnaître que la seule publication des cahiers des charges suffira à agir sur le marché local de la voiture d’occasion. Un phénomène déjà observé et d’ailleurs attendu par les professionnels du secteur. Cela revient à déduire que l’autre mécanique, celle des véhicules usagers, ne tardera pas à s’ébranler.
Ce premier effet de l’annonce présidentielle n’est pas négligeable du tout et stabilisera le marché, en attendant son approvisionnement en véhicules neufs, ce qui poussera les prix dans le sens d’une baisse régulière, jusqu’à la stabilisation totale du marché. Celle-ci interviendra de manière définitive avec l’autre pan de l’annonce du président de la République, concernant le cahier des charges portant sur la production de véhicules. Comme pour l’importation, la mise en place du dispositif par les constructeurs prendra plus de temps que pour les importations. C’est dire que cette phase, autrement plus complexe, puisqu’il s’agit d’industrie, nécessitera certainement des démarches et un process plus recherché pourrait-on dire. Mais le gain sera beaucoup plus intéressant pour l’économie nationale et pour les consommateurs. Et pour cause, la fabrication suppose des milliers de postes d’emplois à créer, une intégration graduelle à assurer et au final un véhicule à 40% algérien, donc moins chère et exportable en Afrique et ailleurs.
L’Algérie parviendra à cette phase ultime de l’industrie mécanique, aujourd’hui, balbutiante à une échéance de 5 ans. Le ministre de l’Industrie a, révélé à ce propos, que l’Etat entend accorder 5 années aux constructeurs pour parvenir à un taux d’intégration de 40%, norme mondialement admise. C’est dire donc que le processus qui débute aujourd’hui ne sera pas de tout repos. Il durera plusieurs années et exigera de la part de l’Etat une grande vigilance pour ne pas refaire les erreurs du passé. Pour cette fois, l’Algérie a opté pour la séparation des activités de la production et de l’importation et décidé l’ouverture totale du marché. Une posture qui permet de rattraper assez vite le déficit constaté ces dernières années et oblige les constructeurs à un plus d’effort d’intégration pour vaincre la concurrence de l’importation. Dans cette concurrence, le grand gagnant sera le citoyen qui disposera dans un délais de 5 ans, d’un véhicule fabriqué localement donc à un prix abordable et susceptible d’être acquis par le biais d’un crédit auprès des banques.
Nadera Belkacemi