Le fléau des apparences et de la stérilité
Il est évident que la démocratie participative toujours en chantier ne peut encore pas répondre efficacement aux impératifs d’implication des citoyens à la gestion de leur quartier et de leur cité. Même les élus locaux à la noble APC ne semblent pas eux-mêmes en mesure de choisir et de décider librement des grandes actions d’aménagement du territoire et d’affectation des moyens financiers affectés au développement de la commune. Notamment en matière de gestion de la croissance urbaine et de choix d’investissement dans les grands projets structurants inscrits au développement local. Souvent, les mauvaises langues locales se demandent en ironisant à quoi peut bien servir cette institution qui ne peut prendre aucune grande décision conforme aux aspirations et aux suggestions des habitants en matière d’affectation du foncier urbain et d’implantation des grandes infrastructures sociales, culturelles ou sportives. Peut-on croire qu’à la Mairie d’ Oran il n’existerait aucune compétence, aucun professionnel , aucun acteur crédible, en mesure d’influer sur le choix des décisions en matière d’aménagement et de maintenance de l’espace urbain collectif ?. Beaucoup d’exemples peuvent être cités pour illustrer le degré de marginalisation des élus municipaux qui ne peuvent rien dire face à de multiples décisions prises par l’administration centrale et le représentant de l’Etat. On se souvient, pour l’exemple, de la démolition des anciennes halles centrales d’Oran, un bijou architectural rasé au nom d’une restructuration territoriale des activités commerciales qui ne repose en réalité sur aucune étude sérieuse et crédible. «Faire de la commune d’El Kerma à l’entrée sud de la ville, un grand pôle du commerce de gros» était la vision d’un ancien wali qui multipliait les discours vaseux sur le progrès et la modernité de la cité. Des gares routières ont été construites puis démolies. Les abattoirs de la ville ont été délocalisés. Le grand site de vente de véhicules d’occasion a été lui aussi transféré à El Kerma. L’APC oranaise a également perdu toutes ses infrastructures sportives au profit d’un organisme de wilaya qui peine à trouver son équilibre. Même les missions élémentaires d’entretien et de maintenance ont été confiées à des entreprises publiques de wilaya ou à des opérateurs privés. L’autoritarisme pourrait certes se justifier par un certain déficit de rigueur et de compétence dans la gestion des affaires municipales. Mais cela ne permettra pas à Oran d’exorciser le fléau des apparences et de la stérilité qui la ronge depuis des années.
Par S.Benali