EDITO

Le foot devient un phénomène sociétal

Que faut-il penser des appels improvisés de jeunes supporters de nombreux clubs de la Ligue 1 et de la Ligue 2 pour réclamer un sponsor pour leur équipe de football fétiche aux fins de lui éviter une descente en enfer. Les manifestations des fans de football se font même insistantes et toute information sur un éventuel rapprochement entre une grande entreprise publique et un grand club de l’élite fait l’effet d’un événement, dépassant même le simple cadre sportif. Même si les entreprises nationales savent qu’elles laisseront des plumes dans le rachat de ces clubs, il semble que pareille démarche soit visiblement nécessaire aux yeux des pouvoirs publics pour sauver ce qui peut l’être du football national. C’est dire que le sport roi, dont on a vu, très récemment le pouvoir qu’il détient sur les peuples, est une affaire très sérieuse. Il n’existe pas un Etat qui oserait se détourner des aspirations de dizaines de milliers de jeunes dont la priorité, clairement affichée d’obtenir de la part de l’Etat le sauvetage de leurs clubs.
L’empressement des jeunes supporters appelle manifestement à s’interroger sur la fameuse réforme qui tend à professionnaliser la pratique du foot en Algérie et, plus que cela, interpelle les pouvoirs publics pour qu’ils prospectent très sérieusement dans la finalité de sauver certains symboles de la jeunesse algérienne qui, à force d’être toujours présents dans leur quotidien, s’est transformée en véritable institution sociale.
Le CRB, avec le MCO, le NAHD, le CSC et d’autres clubs mythiques, est l’une de ces institutions qui ont accompagné la jeunesse algérienne dans leurs joies et leurs peines. A ce titre, il est fait obligation à toutes les instances chargées de la jeunesse et des sports d’intervenir d’une manière ou d’une autre pour apporter des solutions durables au sacro-saint problème de financement des clubs de football professionnels. En un mot comme en mille, il devient urgent d’opter pour un modèle économique susceptible de garantir la survie des clubs et des infrastructures sportives, d’ailleurs récemment remis à neuf pour justement abriter un championnat d’Afrique. Les jeunes voudraient certainement que les stades rénovés et ceux réalisés, ces derniers mois, ne retombent pas dans l’oubli.
C’est dire toute la responsabilité des pouvoirs publics, appelés à rendre la pratique du foot rentable, sans pour autant s’en laver les mains. Cela pour dire que les jeunes supporters qui ont tant fait pour la cohésion nationale à l’occasion du Hirak du 22 février 2019, ont posé une problématique sérieuse, voire sociétalel, puisqu’ils posent un véritable questionnement que les autorités publiques sont censé résoudre. Sauront-elles être à l’écoute ?
Par Nabil.G

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