EDITO

Le morcellement médiatique arabe

Les Occidentaux et notamment les USA doivent se frotter les mains. Ils n’ont plus en face d’eux de gros médias qui dénoncent les hypocrisies d’un capitalisme sans foi ni loi. Ils peuvent désormais se pavaner dans toute la planète et distiller leur venin « démocratique » sans que personne ne vienne leur demander des comptes. Les Occidentaux sont heureux parce que les sondages successifs font ressortir que les médias anti-capitalistes ne font plus d’audience. Le temps où les petites chaînes nationales parvenaient à mobiliser des opinions en faveur des causes justes est visiblement derrière nous. L’ère est aux spectacles politiques, aux Punchlines et à l’adoration du modèle occidental, avec toutes les paillettes que cela suppose et qui parviennent à capter l’intérêt du jeune public sur tout le globe. Sommes nous donc définitivement passé de la télévision utile à la télé-poubelle?
Même s’il y a une part de vérité dans cette interrogation légitime, il reste que la réalité est sans doute un peu plus complexe. L’exemple nous vient de la région arabe où l’on peut identifier quelques îlots de résistance. Mais de quelle résistance s’agit-il ? Cette question trouve en effet toute sa justification, lorsqu’on se penche un peu sur la situation du paysage audiovisuel du monde arabe. On y trouve de tout. Et c’est ce trait genre «Ligue arabe » de la télévision qui a fait le succès de nombreuses chaînes. Tout le monde s’y voyait un peu. Une diversité qui autorisait, disait-on à l’aube du 21e siècle, un débat et sans doute l’émergence du discours anti-capitaliste. En envoyant les guerres occidentales contre les musulmans en direct, retransmises par ces médias, les téléspectateurs avaient cru un petit instant à la victoire. Mais c’était la magie de la télé.
Mais depuis la chute de Baghdad et les images humiliantes diffusées par les médias du monde, les gros networks arabe ont pris le parti de l’Occident. Un virage à 180° a été effectué et le camp capitaliste venait de marquer un point stratégique. Les médias arabes ont relayé, au final, le discours occidentalo-sioniste en saupoudrant leur nouvelle orientation éditoriale de quelques formules «magiques».
Résultat des courses, ces médias ont perdu leurs téléspectateurs traditionnels sans récupérer ceux d’en face. Ces derniers auraient souhaité que la version occidentalo-sionistes des télés arabes continue d’attirer du monde, mais ils se contentent largement de la baisse d’audience de médias qui auraient pu être fédérateurs de l’opinion arabe. Les Occidentaux sont heureux, puisque après avoir morcelé politiquement la nation arabe, ils ont réussi le même exploit au niveau médiatique.

Par Nabil.G

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