Oran Aujourd'hui

Le paradoxe des opérations dites de «relogement»

Après l’opération de relogement de près de 1.000 familles occupant le bidonville «Sebkha» de Sidi Chahmi, presque tous les habitants des autres sites de constructions sauvages et illicites manifestent leur empressement et leur frustration, parfois leur colère, et ne cessent de revendiquer leur relogement. C’est notamment le cas des habitants du bidonville de Ras El Ain, qui viennent d’adresser une lettre au wali d’Oran pour lui demander d’intervenir afin de fixer une date précise pour leur relogement, reporté, selon eux à plusieurs reprises. Selon un représentant de ces familles, les logements qui leur sont affectés seraient «prêts à être distribués depuis plus d’un an», mais l’opération est à chaque fois reportée. Il est vrai que plusieurs fois, le responsable local de l’Habitat indiquait devant la presse que «d’autres opérations de relogement sont programmées dans les prochaines semaines, devant toucher les familles des sites précaires de Ras El Aïn et de l’ex résidence universitaire CUMO à Es Senia. «Plus de 2.000 familles réparties sur ces deux grands bidonvilles seront bientôt relogées». Des annonces lancées après chaque opération de relogement, mais qui ne semblent pas toujours reposer sur un calendrier précis fixé avec certitude. Après le relogement des habitants du bidonville Sebkha situé à l’entrée de la commune de Sidi Chahmi, les services de la wilaya d’Oran avaient indiqué sur leur site officiel qu’ils procéderont dans les « prochains jours et par étapes, à la distribution de plus de 2.000 logements sociaux, au profit des habitants d’autres bidonvilles ciblés». Il est évident que le nombre de logements disponibles ne permet pas de répondre en même temps à tous les besoins, encore moins à toutes les demandes. La problématique de l’éradication des bidonvilles, installée en objectif et en défi majeur dans la politique gouvernementale de gestion, se heurte depuis bien des années à des pratiques et des comportements stimulant la ruée vers les baraques illicites inscrites en créneau privilégié pour l’acquisition d’un logement neuf. Par ailleurs, l’incapacité du système de gestion locale à pouvoir maîtriser dans le temps et dans l’espace, les mouvements et déplacements des populations venant s’installer dans les bidonvilles aux périphéries de la ville, permet à ce jour à des sites d’habitat illicite, évacués une première fois, de renaître de leur débris ou de revenir encore une fois peser sur la demande et la distribution de logements. Dans un passé récent, ce fut le cas, on s’en souvient des bidonvilles dits «Elflalis» et «Cheklaoua». Aujourd’hui, plusieurs bidonvilles et sites d’habitat précaire non démolis, comme les pavillons de la CUMO, l’ancienne cité universitaire d’Es-sénia, servent toujours à alimenter les vagues de demandeurs de logement… et le paradoxe des opérations de «relogement». Jusqu’à quand?
Par S.Benali

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