EDITO

Le poids d’un gazoduc

L’Algérie, le Niger et le Nigeria ont donné le top départ du plus ambitieux projet structurant africain des deux dernières décades. Le gazoduc transsaharien (TSGP) qui relie l’Afrique à l’Europe en traversant 3 pays africains était un rêve qu’avaient caressé les dirigeants des trois pays des années durant, sans parvenir à trouver la voie de son accomplissement. On retiendra néanmoins qu’il a été pensé et mis en perspective en 2009 avec un coût global 10 milliards de dollars. Il se trouve que l’éclatement d’une guerre à l’est du vieux continent a rendu ce projet séduisant pour les Européens. Il faut bien se rendre à l’évidence que ce projet a été réactivé dans un contexte de forte demande internationale de gaz et pétrole et une flambée des prix. La guerre en Ukraine a dévoilé les fragilités de l’Occident qui s’est mis à la recherche d’une alternative au gaz russe. Plusieurs pays, notamment européens, cherchent à réduire leur dépendance. Ils se sont tournés vers l’Algérie.
De fait, les moyens financiers seront disponibles et les trois pays africains pourront écrire une belle page de l’Histoire contemporaine du continent noir. Elle ne sera pas seulement belle. Elle ouvre des perspectives intéressantes pour les trois pays. Sur les plus de 4.000 de km qui représentent la longueur du gazoduc, on peut imaginer des milliers de travailleurs et des dizaines de sociétés des trois pays.
Il y a évidemment plus que l’aspect de la réalisation de cet ouvrage. Il faut savoir que le TSGP sera conçu pour transporter plusieurs milliards de mètres cubes de gaz nigérian qui aura enfin une ouverture vers la Méditerranée, sans passer par un processus de liquéfaction. Ce lien entre l’Afrique et l’Europe sera assuré par l’Algérie grâce à son infrastructure disponible et sa maîtrise du process de transport des hydrocarbures. Réputé très fiable comme partenaire, notre pays est le maillon central de ce gigantesque projet. Ses réserves prouvées de gaz naturel s’élèvent à près de 2.400 milliards de m3, il fournissait jusqu’à 11% du gaz consommé en Europe avant la guerre en Ukraine. Il est le premier exportateur africain de gaz naturel et le 7e mondial.
Avec le TSGP, un autre pays africain, le Nigeria, se joint au club fermé des fournisseurs de gaz au vieux continent. C’est dire que l’association algéro-nigeriane a une portée autrement plus stratégique que simplement économique. En aidant le pays le plus peuplé d’Afrique à s’ouvrir une porte sur la Méditerranée, l’Algérie consolide l’interdépendance africaine, tout en se positionnant comme un partenaire stratégique pour les Européens. Sans l’Algérie, rien de sérieux ne pourra être fait dans le domaine des énergies entre les deux continents.
Par Nabil.G

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