Le régime de l’omerta et de la corruption
Les saisies de drogue se font quasi quotidiennes. Les quantités sont de plus en plus importantes. Il se dégage une nette impression d’industrialisation du trafic de cannabis marocain. Les réseaux mafieux tournent à plein régime dans ce pays et l’envahissement quasi systématique du territoire algérien par des trafiquants appelle à l’alarmisme. Et pour cause, les grosses saisies sont enregistrées de manière on ne peut plus fréquentes. Les services de sécurité de l’ouest du pays sont confrontés à une situation difficilement concevable, en ce sens qu’il est presque impossible d’admettre qu’un Etat, en l’occurrence le Maroc, puisse être d’une telle faiblesse face à la maffia de la drogue qui sévit dans son pays. A moins que l’Etat lui-même n’organise ce commerce criminel et en tire des dividendes. Cette approche est d’autant plus recevable que l’Organisme onusien chargé de la lutte contre le trafic de drogue, quantifie le trafic, devenue très visible. Il représente plus de 20% du PIB. Une véritable manne criminelle qui fait vivre des centaines de milliers de familles, obligées de trafiquer dans la drogue pour survivre.
Il est plus qu’évident que si la grande majorité des hommes et des femmes qui vivent de ce commerce gagnent juste de quoi boucler leurs fins de mois, les gros trafiquants sont à la tête de fortunes indécentes. Ils contrôlent, de fait, une bonne partie de l’économie «légale» du pays. Il faut dire à ce propos qu’aucune voix marocaine n’ose dénoncer les activités criminelles. On en veut pour preuve que la presse n’aborde quasiment jamais ce dossier très sensible. C’est dire l’emprise qu’a le cartel de la drogue sur le royaume et à quel point il peut régenter la parole, sans que personne ne trouve à redire. Et pour cause, les pays occidentaux ferment les yeux sur cette aberration, dangereuse pour la stabilité du royaume et de toute la région du Maghreb. Personne parmi les observateurs occidentaux n’a pensé à l’existence d’un rapport de cause à effet entre l’instabilité au Sahel et l’argent sale de la drogue marocaine. On n’a pas vu un officiel européen interpeller Mohamed VI sur l’extraordinaire développement du marché du kif dans son pays et ailleurs. On laisse à l’Onu le soin d’enregistrer les dizaines de tonnes interceptées en Algérie, en Espagne et en France. En attendant, les Marocains se sentent marginalisés et ils ont amplement raison de sortir dans la rue pour réclamer que cesse l’omerta sur la banalisation du crime et de la corruption dans leur pays.
Par Nabil.G