Oran Aujourd'hui

Le respect des règles de préservation d’un site historique classé

La carcasse de l’hôtel du Châteauneuf, les mosquées du Pacha et de Abdallah ben Salem seront, apprend-on, inscrites à l’ordre du jour d’une rencontre qui sera organisée en fin de semaine par le wali d’Oran avec les acteurs de la société civile. Les présidents d’associations et de comités de quartiers sont invités à participer à cette rencontre inscrite au programme de renforcement «du dialogue direct et de la coordination entre les différents acteurs de la impliqués dans le suivi des actions inscrites au développement local». Selon le communiqué de la wilaya, il s’agit «de recueillir des avis et d’échanger des idées constructives et des propositions concernant la restauration des sites historiques devant être restaurés».
Une initiative qui reflète la volonté politique de renforcer l’implication des citoyens dans les affaires locales notamment en matière de préservation du patrimoine culturel. Mais cette rencontre avec les acteurs de la société civile, aussi importante et fructueuse soit-elle, a suscité sur les réseaux sociaux bon nombre de critiques et d’interrogations exprimées par des observateurs avisés de la scène oranaise. Comment, estime bon nombre, peut-on croire à une implication responsable et efficace de la société civile dans le processus décisionnel en matière de gestion et de projets quand on sait en réalité que les choix et les priorités sont toujours arrêtés par les gouvernants et les décideurs au niveau local.
Évoquant le cas de cette tour en béton, dite de l’hôtel Châteauneuf, qui nargue le regard des Oranais depuis un demi-siècle, beaucoup se demandent pourquoi aucune décision radicale et efficace n’a pu être prise en son temps pour effacer cette ineptie urbaine. Il y a quelques années, un ancien wali avait lui aussi demandé l’avis du mouvement associatif local. Des architectes et urbanistes oranais avaient suggéré la démolition pure et simple de cette carcasse implantée sur un terrain à forte valeur historique.
On sait que les nouvelles techniques de démolition, certes onéreuses, permettent de raser sans dégât un immeuble entier au milieu d’un site urbain. Cette idée, soutenue par des militants pour la préservation de la nature et des espaces verts, a été malheureusement jugée «saugrenue» par les défenseurs de l’avancée du béton partout à travers la ville. On sait aujourd’hui que la wali en poste a choisi et décidé de rendre à la vieille tour du Châteauneuf sa vocation initiale et d’en faire un grand hôtel cinq étoiles.
Pourquoi pas estime bon nombre d’Oranais anonymes profanes en matière d’extension et de croissance urbaine. Mais pour quelques experts avisés, un projet de réalisation, ou plutôt d’achèvement d’un grand hôtel sur ce site posera de nouveau les mêmes problèmes d’accès et de mitoyenneté avec le Palais du Bey, un monument historique classé, impliquant le respect des normes et des règles de préservation du site… Que dira la société civile ?

Par S.Benali

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