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Le trafic de drogue inquiète au Sahel : toutes les pistes mènent au Maroc

Le rapport constate que «les trafiquants de drogue marocains deviendront probablement moins dépendants des groupes criminels organisés maliens». Dans cette nouvelle hiérarchie du crime, «les trafiquants du golfe de Guinée seront probablement de plus en plus exposés à la résine de cannabis».

Le trafic de drogue au Sahel est un souci majeur pour la stabilité de cette région d’Afrique. La forte hausse du trafic suscite une réelle inquiétude en raison du développement du banditisme transnational et, partant, le recutement de plus en plus de jeunes. Ce qui suppose une instabilité chronique qui empêche tout développement des pays du Sahel. Une grande partie des actions violentes sont le fait des trafiquants de drogue, soulignent de nombreuses études commandées par l’Onu. Le dernier document en date est produit par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Intitulé «Trafic de drogue au Sahel : Évaluation de la menace de la criminalité transnationale organisée», le rapport met en lumière le nombre croissant de saisies record de cocaïne.

«D’une moyenne de 13 kg par an sur la période 2015-2020, la quantité de cocaïne saisie au Sahel est passée à 41 kg en 2021 et 1466 kg en 2022, l’essentiel étant signalé par le Burkina, le Mali et le Niger», note l’ONUDC. La cocaïne, la résine de cannabis et les opioïdes pharmaceutiques sont les drogues les plus trafiquées au Sahel. Il reste cependant que «la résine de cannabis trafiquée dans la région» et provenant «généralement du Maroc» a connu une augmentation significative de la production «atteignant environ 901 tonnes en 2022».

Le rapport signale que le kif est «généralement destiné aux pays d’Europe occidentale et du Nord». Cela au plan de la production, concernant son transport, le document de l’ONUDC relève “qu”au-delà de la route directe entre l’Espagne et le Maroc, la résine de cannabis est surtout acheminée par voie terrestre du Maroc vers la Mauritanie, le Mali, le Burkina, le Niger et le Tchad”. Cela tout en révélant une autre «voie maritime alternative allant du Maroc aux portes du golfe de Guinée».

Il y a lieu de noter également que «la reconfiguration des routes du trafic de résine de cannabis en Afrique de l’Ouest est susceptible d’avoir un effet sur les réseaux de distribution de drogue opérant entre l’Afrique du Nord, le golfe de Guinée et le Sahel», estime l’ONUDC dans son rapport. Le rapport constate que «les trafiquants de drogue marocains deviendront probablement moins dépendants des groupes criminels organisés maliens».

Dans cette nouvelle hiérarchie du crime, «les trafiquants du golfe de Guinée seront probablement de plus en plus exposés à la résine de cannabis». Le document précise que cet état de fait permettra aux trafiquants guinéens de «diversifier leur commerce et les marchés auxquels ils ont accès». Ces analyses s’appuient sur une longue observation des flux des drogues, des arrestations opérées par les services de sécurité et de la remontée des filières.

«Les récentes saisies, arrestations et détentions dans les pays de l’espace ont mis en lumière la manière dont le trafic de drogue est facilité par un large éventail d’individus», souligne à ce propos l’ONUDC. Il reste que le plus inquiétant est dans le constat avéré que «des hommes politiques, des membres des forces de défense et de sécurité, et du pouvoir judiciaire», sont partie prenante du trafic.

«Ils contournent les contrôles et évitent les arrestations et les procédures judiciaires», déplore l’ONUDC. En mars dernier, le journal espagnol «El Espanol» avait révélé un nouveau scandale autour d’un trafic de drogue entre la Péninsule ibérique et le Maroc, accusant la marine royale marocaine de complicité dans ce trafic à travers la participation de ses patrouilleurs à l’opération d’introduction des stupéfiants en Espagne.

On retiendra enfin que le rapport de l’ONUDC note la hausse de l’usage des opioïdes. Sur la période allant de 2017 à 2021, le continent noir consommait la moitié de la quantité totale d’opioïdes pharmaceutiques.

Nadera Belkacemi

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