L’engagement collectif pour le progrès et la modernité
A croire toutes les annonces formulées ces dernières semaines par les autorités locales et les gestionnaires municipaux, l’année 2024 sera peut-être celle de la relance de tous les projets en cours d’achèvement ou délaissés depuis des lustres pour diverses raisons techniques, administratives ou financières. Des projets ayant parfois cumulés des retards hallucinants illustrant parfois un manque de maîtrise flagrant de la gestion de l’aménagement urbain livré souvent aux inepties et aux médiocres improvisations.
Ainsi, dès le premier trimestre de la nouvelle année qui s’annonce, on nous promet la livraison de la pénétrante reliant le port à l’autoroute est-ouest, le lancement des travaux de restauration de l’Hôtel de ville fermé depuis bientôt dix ans, la prise en charge de la carcasse de l’ex hôtel Châteauneuf et sa reconversion en siège administratif pour l’APC et la restauration du Palais du Bey et de la mosquée du Pacha attendue elle aussi depuis des années.
Selon des médias locaux, 2024 sera également l’année du lancement du grand projet d’aménagement de la Sebkha d’Oran, Dayet Morsli, une zone humide protégée par la convention RAMSAR, plus connue sous le nom du «p’tit lac» d’Oran. Selon le discours officiel entendu depuis dix ans, cette zone de la Sebkha sera dépolluée et transformée en site touristique attractif avec des espaces verts, des aires de détente, des parcours de sports. Et aujourd’hui on parle même d’un «village scientifique» de cinq bâtiments modernes dédiés aux universités et aux chercheurs. Un projet doté d’un budget de financement de 45 milliards de centimes, que l’on dit en phase d’études et qui sera lancé, nous dit-on, au premier trimestre de 2024.
Bien d’autres opérations d’aménagement et d’embellissement de la ville seraient inscrites au programme d’action 2024 qui comprend entre autres l’aménagement de la place Tahtaha à M’dina J’dida et de la place 1er novembre 1954 au centre-ville. On pourrait également citer et espérer l’achèvement et la mise en exploitation du fameux «Palais des congrès» de Haï Sabah, converti en «complexe culturel et artisanal», la relance du projet d’aménagement de la rue des Aurès, ex-Bastille, abandonné depuis plus de quinze ans, la livraison du Grand Hôtel en chantier de rénovation sur la place de la grande poste, ou encore l’achèvement, sinon le lancement des travaux de réhabilitation des immeubles du centre ville inscrits au vieux bâti à restaurer, la réfection des nombreux trottoirs et rues de la ville dégradées et déformées par les hideux «dos d’ânes» installés de manière anarchique.
Sans oublier également l’achèvement du chantier d’aménagement paysager du sommet du Mont du Murdjadjo, et pourquoi pas, le lancement du projet d’implantation de la grande statue de l’Emir Abdelkader qui avait fait couler beaucoup d’encre. Mais face à la fatalité des retards, des improvisations et des échecs qui plane depuis longtemps sur le ciel oranais, on ne peut que plonger dans le doute et le pessimisme chronique.
On se souvient, il y a déjà quelques années, que la majorité des ces projets et opérations urbaines devaient être concrétisés avant la tenue des fameux jeux méditerranéens prévus initialement en 2021. On a certes le droit d’affirmer que l’année 2024 sera celle de la relance et du renouveau. Mais encore faut-il espérer un changement des mentalités, des comportements et des pratiques qui altèrent les initiatives et l’engagement pour le progrès et la modernité.
Par S.Benali