Les Algériens tendent une oreille intéressée à la rubrique économiques des journaux télévisés, radiophoniques et de la presse écrite, depuis que le chef de l’Etat a évoqué la possibilité d’une nouvelle hausse des salaires avant la fin de l’année en cours.
L’Algérie est aux portes d’une nouvelle ère économique. L’aisance financière ne devrait plus reposer sur le seul apport des hydrocarbures. Le président de la République qui a déjà tenu deux promesses en matière d’exportations hors hydrocarbures, en portant celle-ci à 5 milliards de dollars en 2021 et celle de 2022 programmés à 7 milliards de dollars, avec une très forte probabilité de dépasser cette barre. Le ton est donné et la baisse des prix du pétrole constatée ces derniers jours ne semble pas effrayer l’exécutif qui a tracé sa feuille de route sans y mettre une forte progression des importations, bien au contraire.
Les ministres du gouvernement Benabderrahmane, chargés des questions sociales et économiques interviennent régulièrement sur les médias nationaux, pour rassurer les Algériens sur les intentions de l’exécutif. Que ce soit le détenteur du portefeuille du Commerce ou de la Solidarité, ils ont clairement annoncé la couleur, à savoir que rien ne changera dans le quotidien des Algériens.
Les prix du pain, du lait, de l’électricité et de l’eau ne connaîtront pas de hausse, malgré la situation économique exécrable à l’échelle de la planète. Bien au contraire, le chef de l’Etat est lui-même monté au créneau pour annoncer une amélioration du pouvoir d’achat des citoyens avant la fin de l’année en cours. Les assurances des autorités centrales du pays ont couvert les folles rumeurs colportés par les «mauvaises langues » qui annonçaient la période des vaches maigres. Il y a là une victoire médiatique du gouvernement sur ses détracteurs. Mais cette victoire ne cache pas moins quelques appréhensions des Algériens. Même s’ils disent croire le chef de l’Etat, pour la simple raison qu’il a tenu toutes les promesses à ce jour, les citoyens voient autour d’eux des pays forts tomber comme des châteaux de cartes. Mohamed, chauffeur de taxi de son état demeure, à ce propos, sceptique.
«Ils nous disent que rien ne changera, mais en douce, ils feront passer des mesures qui feront mal au porte monnaie des ménages», soulignet- il. Dans le lot des mesures en question, notre chauffeur de taxi croit «débusquer» le gouvernement.
«Vous savez, lorsqu’ils ne peuvent pas augmenter les prix, ils diminuent de la valeur du dinar. Les choses suivront automatiquement», constate notre interlocuteur, rejoint par l’un de ses clients, cadre dans une entreprise privée. Ce dernier nuance néanmoins les propos du chauffeur de taxi, en relevant que les transferts sociaux «représentent une part tellement importante dans le budget de l’Etat que l’on voit mal le gouvernement faire un virage à 90°».
Ce serait catastrophique pour le pays et pour le peuple. Loin des analyses «pointues », l’Algérien moyen affiche une inquiétude mesurée. Hassiba, femme au foyer, dit faire confiance au président de la République.
«Il ne laissera pas la situation des années 90 revenir. Je sens qu’il s’en occupe déjà», dira-t-elle, non sans une pointe d’angoisse, dans le cas où les prix du pétrole viennent à tomber trop bas. Cette inquiétude est largement partagée par les Algériens, mais il subsiste un sentiment que le discours volontariste de l’Etat et les résultats déjà obtenus dans la diversification de l’économie nationale pourraient être un déclencheur.
«La crise de 1986, nous a appris la leçon d’éviter les dettes extérieures. La preuve, le pays est désendetté aujourd’hui. La situation que nous vivons maintenant nous apprend l’importance de créer une économie forte», estime Sid-Ali, retraité de l’Education nationale, tout en faisant remarquer voir les prémices de la nouvelle Algérie. En tout état de cause, l’on aura conclu que les Algériens sont partagés face aux actions menées par l’exécutif pour parer aux conséquences de la crise économique mondiale. Mais tous affichent une grande sérénité.
«Nous ne sommes pas dans la même situation qu’en 2014. Le gouvernement a réduit les importations et diversifié nos exportations», constate Sid Ahmed, enseignant à l’université. Cette analyse universitaire est également faite par le père de famille à son niveau. En d’autres termes, toutes les franges de la société gardent confiance dans la parole présidentielle, attendent les hausses promises dans les rémunérations et affichent une conviction que le pays est assez solide pour passer le cap de la crise économique mondiale et même en tirer profit pour installer l’Algérie en tant que nation exportatrice.
Nadera Belkacemi