Les Algériens et les urgences
La récente sortie de la wilaya d’Alger sur le sujet du rationnement de la distribution de l’eau dans la capitale est caractéristique du mode de gestion à l’Algérienne. Le wali a annoncé, rappelons-le, une réduction des volumes d’eau distribué aux Algérois en raison du gros problème de disponibilité du précieux liquide. Il faut dire que la décision de la wilaya qui consiste à réduire aux deux-tiers au moins la plage horaire pour l’ensemble des quartiers se justifie amplement au regard d’une demande en hausse face à une production toujours en baisse, pour cause de sécheresse.
Cette décision attendue depuis des mois par tous les observateurs, de même que par les citoyens est intervenue, après une raréfaction exceptionnelle des pluies durant les deux saisons où on attendait des précipitations salutaires qui n’étaient pas venues. La décision du wali qui a consisté à éviter un remake du scénario de 2001, passe pour être salutaire aux yeux des observateurs. Sauf qu’elle n’a pas été prise au bon moment. Il faut dire que l’on a bien senti le thermomètre social monter et observé des mouvements de colère en pleine rue dans pas mal de quartiers de la capitale. Cela pour dire que les autorités locales auraient dû s’y prendre plus tôt, d’autant que la sécheresse annoncée est partie pour durer les trois mois de l’été au moins.
Maintenant que le décor de la pénurie est planté, parlons un peu du mode de gestion à l’Algérienne. En réalité, ce n’est pas la première fois que l’Algérie traverse ce genre de crise. Mais, force est de constater qu’elle adore réagir, lorsqu’elle a le dos au mur. Rappelons-nous la grande crise d’alimentation en eau potable en 2001. Le pays a failli devenir importateur d’eau potable. L’eau était devenue une affaire d’Etat. C’est dans ces conditions que le programme d’urgence a été mis en place. Quelques années plus tard, le pays est sorti de la zone rouge et on ne parlait presque plus de pénurie d’eau, même dans les villes où jadis, c’était le quotidien. Aujourd’hui, c’est bis repetita. Depuis début juin, l’eau a pris des proportions d’affaire d’Etat. Le gouvernement a préféré «la discrétion» et imaginer en interne, une série de solutions, toutes improbables dans le court terme. Le problème ne sera pas réglé dans les toutes prochaines semaines. Le citoyen, qui a l’habitude de ce genre de crise, le sait très bien.
Lorsque le plan de l’eau a été lancé dans le milieu de la première décennie du 21e siècle, avec réalisation de barrages, de stations de dessalement, de stations d’épuration, ainsi que la lutte contre le gaspillage, la solution était potentiellement trouvée. Cependant avec le retour de la pluie, on s’est contenté des barrages et de quelques stations de dessalement, réalisées dans l’urgence. Le plan de l’eau était passé au second plan. C’est cela la gestion à l’Algérienne. On adore travailler dans l’urgence.
Par Nabil G