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Mise en place d’une économie de la connaissance:
Les conditions idoines ne sont pas encore réunies

Agir vite pour relancer l’économie nationale, impactée à la fois par la baisse des prix du pétrole et les répercussions de la pandémie du coronavirus, est le mot d’ordre des économistes.

Le spécialiste des questions politiques et économiques, Yacine Ould Moussa, a souligné hier l’impératif de lancer rapidement de véritables et profondes réformes, affirmant qu’»il faut agir vite avant que le temps ne nous dépasse».
Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, il a indiqué que l’embrasement du front social qui s’est caractérisé ces derniers jours par des protestations dans certains secteurs démontre que l’économie nationale est confrontée à des difficultés structurelles et non conjoncturelles. Il a affirmé que «les questions sociales ne peuvent être résolues sans la question économique, on ne peut pas faire du social sans créer de la richesse, de la valeur et de l’emploi avec l’inclusion socio-économique des jeunes, des personnes», a-t-il indiqué. Il a indiqué que l’économie nationale fait les frais des conséquences des «années blanches où nous n’avons pas modifié d’un iota le modèle de croissance et de développement, de la façon de créer de la richesse, de la façon de collecter de l’épargne, de la façon d’investir, des choix stratégiques importants qui sont générateurs de progrès, d’intégration économique, de reconquête du marché intérieur».
Il a déploré dans ce contexte l’absence des conditions idoines de l’économie de la connaissance qui est une économie extrêmement complexe et sensible aux variations et aux inepties de l’écosystème. Pour relancer l’économie, l’invité de la Radio nationale a souligné la nécessité de mettre sur la même ligne trois éléments, « à savoir des objectifs pertinents, une organisation intelligente et des hommes engagés, compétents qui sont prêts à s’inscrire dans la durée», a-t-il indiqué. Dans le même sillage, M. Ould Moussa a affirmé qu’afin de «rattraper cet immense retard sur l’agenda économique à mettre en route il ne faut pas restaurer que le ministère de plan, comme un outil efficace, mais il faut aussi restaurer la prévision : le calcul économique, la planification et la capacité d’évaluer nos besoins sur plusieurs années tout en évaluant nos moyens».
Il a ensuite déploré la forte dépendance de l’économie aux hydrocarbures. «On paye aujourd’hui la facture de la cécité économique, occasionnée par la politique de la rente et la disponibilité de la manne de ressources financières dépendant du prix du baril de pétrole».
Et d’ajouter : «C’est la 3ème fois qu’on n’a eu le choc mais on ne retient pas la leçon et on n’utilise pas des moyens modernes pour une économie archaïque».
Il a affirmé que l’économie nationale peut être relancée en dépit de l’existence de ressources maigres. «Même si nos ressources sont actuellement maigres, il est toujours possible de relancer notre économie. Il faut juste faire des réformes, mais des réformes basées sur le diagnostic de la réalité», a-t-il déclaré.
Il a souligné aussi la nécessité d’optimiser les ressources de l’Algérie par le principe de l’efficience. «Les ressources sont évaluées par rapport aux objectifs et non pas évaluées ex nihilo dans l’absolu, précisant, qu’il faut savoir adapter nos compétences à notre économie», a-t-il ajouté.
Pour M. Ould Moussa, la compétence crée la richesse oui, mais dans une économie rentière, la compétence était chez nous subversive, soulignant que « souvent ceux qui étaient compétents étaient contre les politiques de la rente ». «Ça ne peut pas durer, il faut prendre le temps par des visions à court terme», a-t-il suggéré, ajoutant que «nous avons longtemps géré notre économie avec deux lois de finances (la loi de finances et la loi de finance complémentaire)». Il a affirmé qu’il faut cesser «ce jeu dont les résultats montrent qu’il n’est pas efficace et encore moins efficient».
Samir Hamiche

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