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Les enjeux d’une élection

Les élections présidentielles françaises ne sont pas les plus importantes au monde. Elles sont loin d’égaler les élections allemandes, britanniques et surtout américaines. Mais elles ont toujours pour nous les Algériens une importance particulière du fait de l’histoire commune entre les deux pays et aussi du fait que l’Algérie est toujours au centre des thèmes de campagnes de ces présidentielles, et cette fois ce fut encore le cas.
Le premier tour de ces élections a accouché en définitive d’un remake de 2017, puisqu’ on retrouve pour la course finale les mêmes deux personnes. Emmanuel Macron et Marine le Pen. Un président sortant qui n’est ni de gauche ni de droite et qui est de gauche et de droite, comme il se qualifie, et qui a réussi l’exploit de faire éclater les deux partis traditionnels que sont les socialistes et les républicains.
En face de lui, il aura au deuxième tour, la présidente du Rassemblement national qui représente l’extrême droite française haineuse et raciste, même si le Pen a tenté de paraître sous un autre visage, se la jouant plus fréquentable, et ceci grâce surtout à l’autre figure extrémiste, l’enragé Éric Zemmour. Un renégat de première qui a voulu être plus Français que les Français, reniant ses origines et exprimant une haine primaire envers la communauté algérienne, reniant aussi ses racines juives, pour une supposée assimilation chrétienne, et enfin reniant son épouse en allant s’amouracher d’une jeune collaboratrice. Un chapelet de trahisons pour un homme insignifiant fait de toutes pièces par Vincent Bolloré et ses multiples moyens médiatiques, mais qui a lamentablement échoué, car dès le début ce n’était qu’une coquille vide qui a fait illusion avant de plonger.
Reste donc les deux vainqueurs, un président sortant qui a manifesté une certaine tendance à changer les relations avec notre pays, avant de déraper à plusieurs reprises en voulant séduire les relents de l’Algérie-francaise. Mais il a toujours montré un penchant à regarder le passé dans les yeux et reconnaître les horreurs du colonialisme, en concédant quelques gestes symboliques. Une marée haute et une marée basse, à l’image du personnage, mais dont les positions ont besoin d’être clarifiées davantage pour pouvoir édifier quelque chose de solide dans les relations entre les deux pays. Quant à Marine le Pen, elle a toujours qualifié le colonialisme «d’oeuvre civilisatrice», défendant les horribles crimes commis en Algérie par la soldatesque française et s’appropriant les horreurs de l’OAS, assénant que la France n’a pas à présenter ses excuses au peuple algérien.
À partir de ce constat et de ses positions, il est aisé de deviner ce que seront les relations algéro-françaises à la lumière de la victoire de l’un ou de l’autre candidat lors du deuxième tour le 24 avril prochain.
Par Abdelmadjid Blidi

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