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Les étés des Algériens

Dans deux jours, les autorités centrales du pays annonceront très officiellement l’ouverture de la saison estivale. D’ailleurs, les walis des wilayas du littoral n’ont pas manqué de faire un petit tour sur les plages de leurs localités pour apprécier l’état des plages qui recevront les millions d’estivants tout le long des trois mois que durera l’été. Ainsi, grâce aux réseaux sociaux, l’on a pu constater que ces plages sont propres, en tout cas, ceux visitées par les walis de la République.
Le massage est on ne peut plus clair, en somme, à savoir qu’après deux saisons ratées, pour cause de pandémie de la Covid-19, les pouvoirs publics se plient en quatre pour réussir celle qui arrive. En parlant de pouvoirs publics, il y a lieu de souligner que même l’Education nationale s’y met. Il faut savoir, en effet, que l’écrasante majorité des écoles primaires, collèges et lycées, ont bouclé leur programme. Il ne reste plus un élève dans les établissements scolaires. Ces derniers sont tous prêts pour ne rien rater de la saison estivale, à l’exception des classes d’examens, bien entendu.
On va donc dire que tout le monde participe au succès de cette saison qui s’annonce radieuse, à moins qu’un conflit mondial ne vienne noircir le tableau. D’ailleurs, il sera difficile de faire changer d’avis les Algériens, après deux saisons «d’abstinence estivale». Même pendant les années les plus noires de l’histoire de l’Algérie indépendante, on attendait avec impatience que l’Etat déclare le début de l’été, avec ces chansons qui sortent du lot et qu’on voit fredonner par tout le monde. A l’époque, les Algériens avaient trouvé un moyen quasi télépathique pour désigner la chanson de l’été. Cet engouement pour le titre qui ferait danser les Algériens dans les mariages, les anniversaires ou encore sans raison, juste pour danser, était devenu une sorte de marque de fabrique de notre société au point que nos succès connaissaient des destinées régionales et s’en allaient charmer nos voisins Marocains et Tunisiens. C’était le génie d’un peuple qui enseignait la joie de vivre pour conjurer son propre malheur.
Avec le retour de la paix civile et la progression significative du pouvoir d’achat des Algériens, plus personne n’est parvenu à s’imposer comme le chanteur de l’été. Du coup, nos saisons estivales ont perdu leur côté festif. Comme-ci le charme « télépathique » était rompu. On ne sait plus s’amuser comme avant, on ne s’offre plus sa parenthèse estivale avant d’entamer un automne bruyant et souvent fatiguant d’entrée, avec ses grèves, son inflation…l’été 2022 fera-t-il exception ? Force est de répondre par la négative à cette question. On ne sent pas l’odeur des étés d’avant. Pourquoi ? Allez savoir !
Par Nabil.G

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