Les instructions et les orientations données par le président de la République pour encourager les exportations, dans le cadre de la nouvelle vision de la relance économique, n’ont pas été suivies d’actes sur le terrain. C’est le constat du président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri.
Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, il a indiqué que «les instructions et les orientations du président de la République qu’il a données lors de son discours prononcé le 18 août dernier au Palais des Nations à propos de la relance économique sont restées lettre morte», a-t-il déploré. Il a indiqué que le chef de l’État avait indiqué que «Nous allons encourager les exportations», déplorant le fait que ses instructions n’étaient pas appliquées sur le terrain. M. Bey Nasri a fait savoir que les exportateurs ont soulevé aux autorités les obstacles qu’il faut lever, en ce qui concerne notamment la réglementation de changes, mais «les échos sont défavorables».
Interrogé sur les points qu’il faut lever, notamment les blocages rencontrés par les exportations concernant la réglementation de changes, l’invité de la chaîne III a indiqué qu’il faut lever le règlement 14-04 qui interdit l’ouverture des représentations des entreprises algériennes à l’étranger. «Il faut que nous comprenions que l’internationalisation des entreprises algériennes est un levier de croissance pour l’économie du pays ; nous ne pouvons pas interdire aux opérateurs algériens qui ont atteint un stade de maturité leur permettant d’aller à l’international de ne pas investir», a-t-il suggéré.
M. Bey Nasri a ajouté dans ce sillage que «tous les pays cherchent actuellement à investir à l’étranger». Et d’ajouter : «Il ne faut pas interdire à nos d’entreprises d’aller à l’international en les confinant au niveau de l’Algérie».
Évoquant les exigences de la Banque d’Algérie en ce qui concerne la devise, le président de l’Anexal a indiqué avoir demandé à la BA d’utiliser les comptes devises des entreprises, «pourquoi on ne le fait pas ?», s’est-il interrogé. «Nous avons demandé l’utilisation du compte devise et du compte de fonctionnement de l’entreprise ; des devises laissées à la disposition de l’exportateur», a-t-il expliqué.
L’invité de la chaîne III a évoqué un second point de blocage pour les exportateurs qui est la dépénalisation de l’acte d’exportation. «Nous avons demandé un amendement de l’ordonnance 96/22 qui assimile une insuffisance de rapatriement de capitaux de 2 000 ou 4 000 dollars à une fuite de capitaux», a-t-il dit. M. Bey Nasri a affirmé que les exportateurs ont demandé «à ce que les exportateurs assurés à la Cagex (Compagnie algérienne d’assurance et de garantie des exportations) ne soient pas poursuivis au sens de l’ordonnance 96/22». Il a expliqué que «l’ordonnance 96/22 est venue après la création de la Cagex, celle-ci a été créée par l’État et ses actionnaires sont les banques et les établissements publics», suggérant que «Tout simplement, un assuré Cagex ne doit pas être poursuivi».
Dans ce cadre, M. Bey Nasri a cité le chiffre fourni par le ministère du Commerce, indiquant que sur les 1200 exportateurs recensés, 1150 font leurs premiers pas à l’exportation.
Revenant aux aspects bancaires, l’invité de la Radio nationale a plaidé pour que le développement des exportations comme source de devises soit inscrit, noir sur blanc, dans les missions de la Banque d’Algérie ».
Il a aussi appelé à réduire la dépense du fret, libellées en devises puisque dominé par les armateurs étrangers. «Nous ne pouvons pas mettre 2 ou 3 milliards de dollars pour l’achat des navires qui nous manquent, notamment les céréaliers, au lieu de perdre chaque année 5 à 6 milliards de dollars de fret», a-t-il dit.
Aussi, le président de l’Anexal a affiché son étonnement quant à la suppression par la Loi de Finances 2021 du compte d’affectation du Fond de soutien pour la promotion des exportations (FSPE). Sur ce point, il a déclaré : «Nous n’avons pas encore de réponse officielle sur le sort réservé au FSPE», mettant en garde contre les effets négatifs de la réglementation des changes alors que l’Algérie s’engage dans la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Samir Hamiche