Les médecins généralistes se plaignent de leur statut jugé «peu valorisé dans un système de santé orienté d’une manière injustifiée vers la spécialité».
«Nous réclamons la revalorisation de notre statut en adoptant une nouvelle tarification de la médecine de famille, qui stagne depuis des années. Le décalage dans les rémunérations entre spécialistes et généralistes est très important. Le rôle social du généraliste est primordial. Et ce rôle social est peu valorisé et peu compris», soulève un médecin généraliste exerçant dans le secteur libéral.
Ce manque de valorisation de statut a pour conséquence un déficit en médecins généralistes privés particulièrement dans certaines communes éloignées de la wilaya d’Oran.
«Certaines communes périphériques et rurales accusent un déficit en médecins généralistes privés. Ce déficit se pose particulièrement à El Braya, Sidi Ben Yabka, Benfreha, Boufatis et à Tafraoui», relève le même médecin.
«C’est important de pouvoir offrir à la population des soins de proximité. Quand on a certains problèmes de santé à un certain âge, on ne peut pas faire 40 kilomètres pour aller voir un médecin généraliste», souligne un retraité, atteint d’une maladie chronique, habitant à Tafraoui.
«Actuellement, il y a un véritable besoin pour attirer les généralistes dans les communes rurales. Cela fragilise tout le système de santé, car les généralistes ont justement un rôle d’aiguillage. Cette situation fait que beaucoup d’établissements de soins de proximité accusent un manque en matière de couverture parce qu’il y a un déficit en médecins généralistes. Oran compte trop de médecins spécialistes et pas assez de généralistes», souligne ce médecin libéral. Même dans le secteur public, les médecins généralistes se disent aussi «peu valorisés».
«Les solutions pour le personnel du secteur public passent par la revalorisation de la ressource humaine de manière générale notamment pour le personnel médical à travers la révision des statuts particuliers et les régimes indemnitaires de façon à indexer les rémunérations des praticiens médicaux par rapport à leur niveau de qualification et le niveau de vie pour leur garantir une vie digne», plaide de son côté le syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).
Pour ce dernier, «le recours aux médecins de famille est l’une des pistes pour lutter contre la hausse des coûts de la santé.
L’une des solutions pour freiner la hausse des coûts est donc de redonner de l’importance aux médecins de famille».
Les médecins généralistes réclament leur réhabilitation dans le système de santé.
«Cela passe par la mise en place de la médecine générale comme spécialité comme cela s’est fait dans la plupart des pays. On ne sait pas pourquoi cela ne s’est pas fait jusqu’à présent ici en Algérie», souligne le SNPSP.
«La plupart des étudiants en médecine préfèrent aller directement vers la spécialité considérant que faire une carrière de médecin généraliste n’est pas du tout attrayant et intéressant», témoigne le même médecin.
Pour ce dernier, «il y a un grand engouement des jeunes médecins algériens à aller à l’étranger. Beaucoup sont candidats, chaque année, en passant des examens qui leur permettraient d’aller exercer à l’étranger».
«Actuellement, seul un étudiant en médecine sur cinq choisit d’être généraliste», explique notre interlocuteur.
«La situation est compliquée par le manque de coordination relevée entre les secteurs public et privé.
Ceci impacte le réseau de suivi et de prise en charge médicale», souligne-t-il encore.
Imad T