Le confinement partiel à domicile a été prolongé pour une période supplémentaire de 15 jours au niveau de 9 wilayas du pays à compter de vendredi 16 avril. Selon un communiqué des services du Premier ministre, les wilayas concernées par le prolongement du confinement sont : Batna, Biskra, Blida, Tebessa, Tizi-Ouzou, Alger, Jijel, Sidi Bel Abbes et Oran.
La même source précise que le confinement commence à partir de 23h00 pour se terminer à 4h00 du matin et est applicable à partir de vendredi 16 avril 2021. Le reste des wilayas, au nombre de 49, ne sont pas concernées par ces mesures qui visent à freiner la propagation du coronavirus. Il s’agit d’Adrar, Chlef, Laghouat, Oum El Bouaghi, Bejaia, Béchar, Bouira, Tamenghasset, Tlemcen, Tiaret, Djelfa, Sétif, Saïda, Skikda, Annaba, Guelma, Constantine, Médéa, Mostaganem, M’Sila, Mascara, Ouargla, El Bayadh, Illizi, Bordj Bou Arréridj, Boumerdes, El Tarf, Tindouf, Tissemsilt, El Oued, Khenchela, Souk Ahras, Tipaza, Mila, Ain Defla, Naâma, Ain Temouchent, Ghardaia, Relizane, Timimoun, Bordj Badji Mokhtar, Ouled Djellal, Beni Abbés, In Salah, In Guezzam, Touggourt, Djanet, El Megh’ir et El Meniaâ.
Rappelant l’utilité du confinement sanitaire, les services du Premier ministre ont indiqué que cette mesure s’inscrit toujours dans l’objectif de préserver la santé des citoyens et à les prémunir contre tout risque de propagation de la COVID-19 et soutenue par la démarche basée sur «la prudence, la progressivité et la flexibilité, ces mesures visent à reconduire le dispositif actuel de protection et de prévention au regard de l’évolution de la situation épidémiologique».
Par ailleurs, comme cela a été décidé depuis l’instauration du confinement dans le pays, les autorités locales ont la possibilité d’apporter des modifications à ce dispositif. Ainsi, les walis peuvent, après accord des autorités compétentes, prendre «toutes mesures qu’exige la situation sanitaire de chaque wilaya, notamment l’instauration, la modification ou la modulation des horaires, de la mesure de confinement à domicile partiel ou total ciblé d’une ou de plusieurs communes, localités ou quartiers connaissant des foyers de contamination».
Une nouvelle fois, le Gouvernement invite les citoyens, en cette période particulière du mois de Ramadhan, mois de sacrifice et de discipline, à «poursuivre leurs efforts de mobilisation pour maintenir le même degré de vigilance dans cette lutte contre la propagation de cette épidémie du Coronavirus (COVID-19) dans notre pays et à continuer à observer scrupuleusement les mesures barrières préconisées, telles que la distanciation physique, le port du masque obligatoire et le lavage fréquent des mains pour éviter un rebond de l’épidémie».
Mise en garde contre le relâchement
Face au rebond des contaminations enregistré ces derniers jours, les professionnels de la santé ont mis en garde contre le relâchement en matière d’application des mesures de protection et de prévention. Les spécialistes n’ont pas écarté l’arrivée de nouvelles vagues de contamination si les citoyens poursuivent l’abandon des mesures barrières. Cette mise en garde émane de spécialistes en infectiologie, en épidémiologie, en médecine préventive et en immunologie.
Pour ces spécialistes, de nouvelles vagues de contamination au coronavirus ne sont pas à écarter s’il y a un relâchement dans l’application des mesures barrières.
Interrogés par l’agence APS, ils ont indiqué que le relâchement peut accélérer la propagation des nouveaux variants, notamment britannique et nigérian récemment enregistrés en Algérie. Un appel pour maintenir la situation épidémiologique stable a été lancé par le chef de service des maladies infectieuses à l’Etablissement hospitalier public (EHP) de Boufarik (W. Blida), Dr Mohamed Yousfi. Il a indiqué que cette stabilité est nécessaire car l’immunité collective n’est pas encore atteinte, grâce à la vaccination d’un grand nombre de citoyens, d’autant que les quantités réceptionnées en Algérie ne permettent pas encore de réaliser cet objectif.
Le Dr Yousfi appelle à la mise en place d’un plan de communication pour rappeler aux citoyens l’impératif de revenir aux mesures barrières. Il a ainsi affirmé que les pouvoirs publics doivent étendre la communication et l’information pour rappeler aux citoyens ces mesures barrières de manière à éviter aux hôpitaux et aux corps de la santé les pics précédemment enregistrés et qui avaient mené à l’épuisement du personnel soignant. Il a ensuite mis en garde contre la propagation des nouveaux variants britannique et nigérian du coronavirus, d’autant que, souligne-t-il, un manque est déploré en ressources humaines spécialisées dans le diagnostic par examens génétiques et ce, en dépit de la disponibilité du matériel nécessaire.
Interrogé aussi par l’agence officielle, le Chef de service d’épidémiologie et de médecine préventive à l’Etablissement hospitalo-universitaire (EHU) de Blida, Pr. Abderezzak Bouamra, a affirmé, pour sa part, que certains pays occidentaux qui pensaient maîtriser la situation épidémiologique, se sont retrouvés en «état d’urgences et sont même revenus aux mesures de reconfinement sanitaire», d’où l’impératif, a-t-il insisté, de tirer des enseignements des expériences de ces pays. Il a ajouté que «si l’on observe la situation épidémiologique mondiale actuelle, le coronavirus «n’a pas encore dit son dernier mot», d’autant plus qu’une immunité collective «est hors d’atteinte à travers le monde, en raison de la non-satisfaction des besoins exprimés en vaccins», a-t-il expliqué.
L’expert a de nouveau mis en garde contre les grands rassemblements constatés par-ci et par-là et qui peuvent entraîner une forte propagation du coronavirus ou de ses variants, appelant, à ce propos, les pouvoirs publics à accélérer l’acquisition du vaccin et à durcir les mesures préventives qui ont contribué, a-t-il dit, à «la stabilisation de la situation épidémiologique au cours des derniers mois».
Quant à l’avis du Pr. Noureddine Zidouni, il a appelé les citoyens à faire preuve de vigilance et de prudence, déplorant «le relâchement constaté chez les citoyens et certains corps dans l’observation des mesures préventives». Le nombre des cas de la Covid-19 a augmenté dans certains services hospitaliers, même si cette hausse est «minime», ce qui laisse présager, selon lui, d’une nouvelle situation pandémique comme celle vécue dans le passé.
Celui qui exerce en tant que pneumologue s’est dit inquiet quant au nombre de cas de variant britannique (B.1.1.7), le qualifiant de «dangereux, répandu et létal». Il a toutefois appelé les pouvoirs publics à adopter «une stratégie plus rigoureuse» en matière d’application des mesures préventives notamment le port obligatoire de bavette et le respect de la distanciation sociale, deux gestes barrières à même de freiner la propagation de la Covid-19 et de ses variants. Enfin, le pneumologue a souligné l’impératif de mettre en place «une nouvelle stratégie» et de prendre des mesures supplémentaires, en sus du confinement ainsi que la limitation des visites familiales, en vue d’éviter de revivre une nouvelle situation pandémique.
Samir Hamiche