EDITO

L’UE, en retard d’une guerre

Durant plus d’une quinzaine d’années, l’Algérie a toujours figuré en bonne place sur le liste des pays ciblés par l’Union européenne pour trouver des débouchés garantis à ses produits industriels. Les dirigeants européens qui aiment à évoquer l’espace économique qu’ils ont en partage comme un puissant transformateur d’énergie importée à bas prix de pays, dont l’économie n’est pas assez développée pour transformer en interne leurs énergies fossiles. Pendant longtemps l’Algérie traînait cette tare et l’UE en a évidemment profité, sans se faire prier. De fait, avant le paraphe de l’accord d’association et bien après, le plan d’action du mastodonte économique qu’était l’Union européenne consistait à donner aux entreprises exportatrices européennes un plan de charge conséquent.
Les cadres de la superstructure qui gouvernent l’espace économique le plus dynamique de la planète sur plusieurs décennies ont de tout temps disposé de toutes les informations ayant trait aux forces et faiblesses de l’économie nationale. Que ce soit dans le domaine de la pharmacie, de l’agroalimentaire ou dans la machinerie industrielle, les haut commissaires de l’UE chargés de l’économie connaissaient assez bien l’Algérie et, de ce fait, avaient bien préparé leurs dossiers. Il faut dire que les nombreuses missions, financées sur de divers fonds européens, inscrits au chapitre de l’aide dans le cadre de l’accord d’association Algérie-UE, auront surtout servi aux experts de l’UE à auditer comme il se doit notre économie et fourni à leurs gouvernements une radiographie claire de la santé économique de l’Algérie. Quant au but officiel assigné auxdites missions, force est de constater que peu de cadres algériens peuvent se prévaloir d’avoir réellement profité de tout cet argent européen, à part à l’occasion de quelques déjeuners offerts par-ci par-là.
Au regard des changements géopolitiques, mais aussi au retour en force de l’Algérie sur la scène économique régionale et internationale, à travers la conclusion de contrats stratégiques, mettant très sérieusement le pays sur la voie de l’émergence, les convictions européennes s’ébranlent et ses entreprises crient à la perte d’un gros client, qui bon an mal an, leur achetait pour près d’une vingtaine de milliards de dollars. Mais depuis 4 ans, ce n’est plus le cas. L’Algérie compte ses sous et n’achète plus à perte. L’exemple italien, dont le partenariat est véritablement équilibré est l’exemple type de ce que veut l’Algérie en matière économique.
L’EU doit donc réviser sa position, au risque de perdre finalement le peu d’avantages qui lui restait en Algérie. Au rythme du développement et l’orientation que prend l’économie algérienne, l’Europe peut perdre un partenaire de taille susceptible de lui ouvrir la prochaine destination de la croissance mondiale. Les Russes, les Turcs et les Chinois sont déjà en place. Les Italiens ont compris, les Allemands, les Autrichiens et les Polonais s’informent sérieusement. La France est à la traine. Dans tout cela, l’UE donne l’impression d’être en retard d’une guerre…
Par Nabil.G

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