Oran

Lutte contre l’hépatite : les spécialistes tirent l’alarme

Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale contre l’hépatite, les services spécialisés de l’établissement hospitalo-universitaire 1er Novembre 1954 d’Oran ont organisé une journée de sensibilisation et de dépistage destinée à la fois aux citoyens et au personnel médical, en partenariat avec plusieurs autres départements.

Cet événement a permis de faire le point sur la prise en charge des hépatites virales, tout en réaffirmant l’importance de la prévention et du dépistage précoce pour une prise en charge efficace de l’hépatite C et du succès vaccinal contre l’hépatite B. Telle est la devise principale des spécialistes.
Intervenant à cette occasion, la professeure Nabila Heroual, cheffe du service d’épidémiologie et de médecine préventive, a révélé que «près de 80 % des cas d’hépatite C ont été pris en charge depuis 2008, grâce notamment à une stratégie de dépistage ciblée et à une offre de soins améliorée». Concernant l’hépatite B, la spécialiste a souligné que 90 % des personnes atteintes parviennent à guérir complètement sans effets secondaires, tandis que 10 % développent une forme chronique. Parmi ces derniers, 4 % nécessitent un traitement médical et entre 1 à 2 % risquent de développer un carcinome hépatocellulaire.
«L’hépatite C, en revanche, évolue vers une forme chronique dans 30 % des cas, nécessitant une prise en charge thérapeutique pour environ 15 % des patients», a fait savoir la professeure Heroual qui a également rappelé que la vaccination contre l’hépatite B est obligatoire en Algérie depuis 2003, ce qui a permis d’immuniser toutes les générations nées après cette date. En revanche, aucun vaccin n’existe encore contre l’hépatite C, ce qui justifie l’organisation de campagnes de sensibilisation pour freiner la transmission du virus.
Elle a insisté sur le rôle de premier ordre du médecin dans le dépistage des maladies graves telles que les cancers du foie et du pancréas, soulignant les efforts déployés pour éradiquer les hépatites virales d’ici 2030, en ligne avec les objectifs de l’Organisation mondiale de la santé, l’OMS. L’hépatite, même si elle est une infection souvent silencieuse, peut avoir des conséquences graves et nécessite une prise en charge rigoureuse, notamment chez les femmes enceintes et les personnes souffrant de troubles neurologiques.
Donner du sang constitue le meilleur moyen pour se faire dépister. Dans le cadre des activités de prévention, le Centre de transfusion sanguine de l’hôpital a également révélé des données préoccupantes. La docteure Chaafi Aïcha, responsable du centre, a fait état de 334 cas d’hépatite virale qui ont été détectés parmi 11 735 donneurs de sang durant le premier semestre 2025. Ces résultats proviennent d’un total de 14 800 donneurs, dont une majorité de dons a été validée. Elle a souligné que le don de sang ne permet pas seulement d’assurer les réserves nécessaires pour les soins hospitaliers, mais aussi de révéler des pathologies souvent ignorées par les patients eux-mêmes, permettant ainsi une orientation rapide vers une prise en charge médicale adéquate. Le dépistage constitue donc un levier essentiel dans la lutte contre la propagation des maladies transmissibles par le sang. La docteure Assia Temlali, résidente au service de médecine préventive, a détaillé les objectifs de la campagne de sensibilisation qui accompagne cette journée mondiale.
Des stands d’information ont été installés à l’hôpital, avec la participation de plusieurs services, dont ceux de gastroentérologie, d’hépatologie et du centre de transfusion.
Les professionnels ont donné aux citoyens des conseils pratiques pour se prémunir contre les risques de contamination, en particulier par l’hépatite C. Parmi les recommandations figurent la prudence dans l’usage d’objets tranchants ou de rasage, l’interdiction du partage des effets personnels avec des personnes infectées, et l’importance de l’injection préventive pour les proches d’un malade. Enfin, la spécialiste a insisté sur le recours au dépistage médical classique au lieu de se tourner vers la médecine parallèle, qui retarde souvent la détection des cas graves et leur traitement. Cette journée a permis aussi de mettre en lumière les efforts importants qui ont été et qui sont toujours déployés en matière de prévention et de traitement des hépatites virales en Algérie. Si les résultats sont encourageants, les autorités sanitaires rappellent que la vigilance reste de mise pour atteindre l’objectif fixé par l’OMS, éliminer les hépatites virales comme menace pour la santé publique d’ici 2030.

Yacine Redjami

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page