Les dispositions de prévention contre le propagation du Coronavirus ont amené les responsables des Cités universitaires à la mise en place d’un nouveau dispositif consistant en la prise de l’Iftar dans les chambres et non dans le resto collectif.
«L’Iftar dans les Cités universitaires est très différent cette année avec l’interdiction des repas collectifs, dans le cadre des mesures préventives contre la propagation de la Covid-19», s’accordent à relever des étudiants lors d’une tournée de l’APS à travers nombre de résidences universitaires dans la capitale. Néanmoins, cette situation «inédite» pose pour Sihem, étudiante résidant à la Cité universitaire Saïd Hamdine, «la contrainte de prendre un repas froid, car servi quelques heures avant l’Iftar pour éviter tout rassemblement au moment du service». Les repas commencent à être servis à partir de 17h00 jusqu’à 30 minutes avant la rupture du jeûne, ce qui implique, explique-t-elle «l’utilisation de résistances électriques chauffantes», précisant que cet appareil «est utilisé de manière très rationnelle par les étudiantes, qui veillent à n’y recourir que brièvement et en alternance par peur d’un court circuit ou d’incendie, comme celui de la résidence universitaire Ouled Fayet II qui a couté la vie à une étudiante récemment».
Abondant dans le même sens, Amel, une autre étudiante souligne «la prise de conscience importante» parmi les résidantes quant au respect scrupuleux des consignes de sécurité, tout en précisant que les résistances électriques sont utilisées «à titre exceptionnel» durant le mois du jeûne. Amina, une autre étudiante pensionnaire de la même Cité déplore, quant à elle, la qualité des repas servis, «d’où l’impératif d’en rectifier l’assaisonnement en les réchauffant», assure-t-elle.
Au niveau de la Cité universitaire Garidi 2, Karim (étudiant en Travaux publics), tient à souligner «la considérable amélioration» du repas de rupture du jeûne par rapport aux années précédentes. Dans cette résidence universitaire «les repas commencent être servis une demi heure, à peu près, avant l’Adan et l’administration veille au respect du protocole sanitaire», se félicite Mohamed, un autre étudiant. A la Cité universitaire Vieux Kouba, l’étudiant Ramdane regrette des repas «pas bons», ce qui pousse de nombreux étudiants à préférer les resto «Rahma» ou un Iftar chez des proches. Une visite à travers les resto de ces cités montre que leur capacité ne permet pas d’assurer un service sur place dans le respect des mesures préventives. Pour la distribution des repas, un couloir à suivre a été arrêté et du gel hydro-alcoolique est mis à disposition, expliquent les responsables qui font observer que le risque demeure présent avec un relâchement dans le port du masque.
A la Cité universitaire Saïd Hamdine, à l’instar des autres cités, «les agents veillent au respect du protocole sanitaire, notamment la distanciation physique lors de la distribution des repas», assure le responsable de la sécurité et de la prévention. Cependant, force est de constater l’absence d’unification des horaires de distribution des repas. Si dans certaines Cités, le service commence une demi heure avant l’Adan, dans d’autres il va au delà, comme à Garidi 1. En effet, les repas y sont servis à l’heure de la rupture du jeûne en raison du nombre réduit des pensionnaires.
Usage des résistances électriques chauffantes, la prudence obligatoire
La prise de repas dans les chambres pose, par ailleurs, un «souci» de sécurité avec le recours des étudiantes, comme elles l’affirment, à l’utilisation de résistances électriques, «unique moyen de manger chaud». A ce propos, le Directeur de la Cité universitaire Saïd Hamdine, Rachid Bouaziz explique que «la direction se retrouve entre le marteau et l’enclume». Il s’agit de faire respecter les consignes de sécurité avec l’interdiction des résistances électriques chauffantes, d’une part, et de se montrer humainement compréhensif à l’égard de l’étudiant en ce mois de jeûne, d’autre part», a-t-il déclaré. Il a souligné, en outre, que «l’engagement des étudiantes à n’utiliser ces appareils que de manière limitée et séparément pour éviter la surcharge électrique a amené la direction à fermer l’oeil +à titre exceptionnel et exclusif+ durant le Ramadhan». Concernant la distribution des repas à une heure aussi avancée (17h00) comparativement à d’autres Cités universitaires, M. Bouaziz a argué le nombre «conséquent» des pensionnaires, faisant état de «plus de 1000 repas à servir».
«C’est aussi à la demande de nombreuses étudiantes, que les repas sont servis à cette heure qui correspond à leur retour des cours afin de pouvoir rentrer et se reposer», a-t-il tenu à précisant ajoutant que l’exigence de prendre les repas dans les chambres «est en premier lieu une mesure préventive». Pour sa part, le directeur de la Cité universitaire Garidi 1 (garçons), Abdelkader Tallah a indiqué que «les 600 pensionnaires de la résidence commencent à être servis une heure avant l’Adan» et que «le resto demeure ouvert une heure après pour permettre, à ceux qui le souhaitent, de réchauffer leur repas», ajoutant que la capacité du resto ne permet pas d’accueillir l’ensemble des étudiants pour un Iftar collectif dans le respect des mesures de distanciation physique.
Rappelant l’instruction de l’Office national des Oeuvres universitaires (ONOU) de mettre en place un programme Iftar «étudié» en association avec les représentants des étudiants, M. Tellah a évoqué l’obligation faite aux directeurs des résidences universitaires d’être présents au moment de la distribution des repas afin de superviser l’opération, retarder au maximum l’horaire du service et veiller au respect du protocole sanitaire. De son côté, le directeur central à l’ONOU Abdelmadjid Amour a fait état de la création, pour le mois sacré, de Commissions mixtes avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dont la mission est l’évaluation de la qualité des repas de l’Iftar et le contrôle du respect de l’hygiène et de la propreté des restos et espaces de préparation de la nourriture».
«Des disparités ont été relevées dans la qualité des repas servis, mais qui est loin d’être aussi piètre que certains veulent le faire croire», a-t-il ajouté affirmant que ces Commissions sont à pied d’oeuvre au quotidien. S’agissant de la différence dans les horaires de distribution des repas, le même responsable a précisé que «l’initiative» a été laissée aux directeurs des Résidences universitaires en coordination avec les partenaires sociaux, notamment les représentants des étudiants, soulignant que l’instruction de l’ONOU préconise de retarder «au maximum» le début du service. Pour M. Amour, l’usage des résistances électriques chauffantes, interdit en principe durant toute l’année a été toléré durant le Ramadhan en avisant forcément la direction, insistant sur le respect des consignes pour éviter tout accident.