Occident, la fin d’une longue idylle
Durant ces 80 ans, c’est-à-dire depuis 1945 et la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous avons assisté à une confrontation idéologique, guerrière et économique entre l’Est et l’Ouest. Deux blocs qui ont été, à plusieurs reprises, en passe de déclencher la troisième guerre mondiale. Mais en 1989 et la chute du mur de Berlin, il devenait évident que l’Occident était sorti gagnant de cette confrontation.
L’Occident mené par la très puissante Amérique était le maître du monde, et surtout était soudé dans la ligne à suivre et le tempo à imposer au reste du monde. Les intérêts des uns convergeaient toujours avec les intérêts des autres. L’Europe était sérieusement amarrée aux États-Unis d’Amérique, qui de son côté, mettait toujours les intérêts de ses alliés européens au plus haut de ses priorités. Une idylle qui apparemment aura vécu, ou tout au moins, a du plomb dans l’aile.
Et si le mur de Berlin est tombé en 1989, celui de l’Occident semble sérieusement se fissurer en cette année 2025. Il faut dire que depuis le retour à la Maison Blanche du président américain, Donald Trump, les relations entre l’Amérique et le reste du monde occidental, notamment avec l’Europe, n’a cessé de se dégrader. Trump a multiplié les critiques envers les pays du Vieux continent, refusant ce qu’il considère comme un assistanat, qui coûte beaucoup aux finances américaines sur plusieurs plans, y compris dans le domaine de la défense et le financement de l’OTAN.
L’Europe, se sachant lâchée par l’administration américaine, tente d’amadouer Trump en se pliant à toutes ses desideratas, comme ce fut le cas avec les négociations sur les droits de douane où la commission européenne, représentée par Ursula Von der Leyen, a accepté le plus humiliant des contrats jamais signé entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Mais toutes ces précautions n’ont rien changé au peu d’estime du locataire de la Maison Blanche envers le Vieux continent.
Il faut dire que le conflit ukrainien, qui était le ciment des relations entre l’Europe et l’administration Biden, s’est transformé aujourd’hui en point de rupture majeur, depuis le retour de Trump qui n’accorde aucun intérêt à la position de l’UE, et presse le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu’il méprise outrageusement, de signer l’accord proposé par les Américains au risque de tout perdre.
Les relations américano-européennes ont reçu un autre coup dur avec la publication du dernier rapport de la Stratégie de sécurité nationale américaine qui confirme le mépris de la nouvelle administration pour l’Europe, et scelle de manière quasi définitive une rupture qui fait voler en éclats le peu d’homogénéité qui restait encore dans ce qu’on peut qualifier aujourd’hui de l’ex Occident, qui aura vécu avec la venue de Donald Trump aux affaires. Ainsi, c’est un pan important de l’histoire du monde qui est en train d’être écrit devant nous quasi en direct.
Par Abdelmadjid Blidi