Opérations de relogement : la problématique des recensements, des recours et des listes d’attente pour les nouveaux occupants
Au lendemain de l’opération de relogement des 183 familles mises en danger d’effondrement de leur habitat précaire illicite après le glissement du terrain au quartier des Planteurs ayant causé la mort de quatre personnes, le chef de daïra d’Oran a tenu à rassurer les occupants du site de bidonvilles concernés en indiquant que «les autorités suivent la situation de près et que tous les citoyens du quartier Les Planteurs se trouvant dans une zone à risque et qui n’ont pas encore été relogés seront pris en charge conformément aux dispositions légales». Le même responsable a précisé que le relogement se fera en fonction des résultats « des enquêtes et des rapports techniques d’expertise menés par les agents du CTC et les services de la wilaya » Conformément aux instructions du président de la République, les autorités locales ont pris en charge immédiatement les familles affectées par le sinistre, et 183 familles ont été relogées dans de nouveaux logements dans la cité des 900 logements publics locatifs de la commune de Misserghine. Des familles, précisent les services de la wilaya, qui occupaient des habitations classées au 1er degré de risque par les services techniques concernés. Mais suite à cette opération de recasement, le responsable de la daïra et les services de la wilaya ont par ailleurs souligné que « des mesures de contrôle strictes et dissuasives seront prises à l’encontre de tous les opportunistes qui ont voulu profiter de cette situation d’urgence pour bénéficier illégalement d’un logement ». Le président de l’Assemblée populaire communale d’Oran a lui aussi de son côté annoncé que les services de la commune, en coordination avec les services de l’habitat et de l’OPGI, « sont mobilisés afin de recenser les familles et les habitations présentant un danger pour les occupants ». Des annonces certes applaudies par les concernés, mais qui en même temps nourrissent quelques interrogations sur la maîtrise et la pertinence de ces opérations de contrôle et de recensement des familles occupant le site d’habitat précaire et illicite. En réalité, affirment des observateurs avisés, il ne faut pas être grand expert pour comprendre que toutes ces habitations de fortune érigées le plus souvent sur un terrain en pente, à flanc de montagne au pied du Mont Murdjajo dans les vieux quartiers des Planteurs, Sidi l Houari, RaS el Ain et d’autres lieux-dits sans cesse constitués sur le territoire communal, représentent un danger constant pour les occupants en raison de la fragilité des sols et de la nature même de la construction. Par ailleurs, depuis des lustres, les gestionnaires concernés n’ont pas cessé d’évoquer des opérations de recensement de familles occupant un bidonville sans pouvoir pour autant arrêter facilement et définitivement la liste de ceux qui méritent un relogement prioritaire au nom de «leur ancienneté» sur les lieux. C’est un peu «la parole des uns contre celles des autres» qui semble souvent fixer les règles d’affectation des logements, ouvrant la porte à des recours et à de nouvelles listes d’attente gonflées par l’arrivée de nouveaux occupants.
Par S.Benali