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Pillage du phosphate du Sahara occidental : le Maroc agit en prédateur

Selon un rapport de l’Observatoire international Western Sahara resource watch (WSRW), le phosphate est l’une des principales sources de revenu du gouvernement marocain au Sahara occidental.

Le phosphate du Sahara occidental fait l’objet d’un pillage honteux de la part de l’occupant marocain. Cette pratique, illégale au regard du droit international, n’a jamais cessé depuis l’annexion d’une grande partie du territoire sahraoui par le royaume. Le vol caractérisé des richesses minières du peuple sahraoui s’est intensifié et s’est poursuivi en 2023. Ce pillage a permis à l’Office chérifien des phosphates (OCP) de réaliser pour la seule année 2023, un bénéfice net de 1,4 milliard de dollars, recette de l’ exportation illégale de phosphates. Dans un passé récent, l’OCP, devenu le «bras économique» du Makhzen, n’a pas hésité à annuler une commande péruvienne de 50.000 tonnes d’engrais parce que le pays a décidé de rétablir ses relations diplomatiques avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
Aujourd’hui, le Maroc détient 31 % des parts du marché mondial du phosphate grâce à l’exploitation illégale des mines de phosphates du Sahara occidental, situées à BuCraa à 100 kilomètres au sud de Laâyoune occupée.
Les réserves sont estimées à 3 milliards de tonnes et les gisements s’étendent sur 250 km 2. Selon un rapport de l’Observatoire international Western Sahara resource watch (WSRW), le phosphate est l’une des principales sources de revenu du gouvernement marocain au Sahara occidental. L’Observatoire précise, à ce titre, qu’en 2022, pas moins de 23 navires ont quitté le Sahara occidental occupé avec 1,23 million de tonnes de minerai de phosphate, en légère baisse par rapport au 1,4 million de tonnes de 2021.
Pour dénoncer le Maroc, le Front Polisario est soutenu par une quarantaine d’organisations internationales, principalement par le WSRW dont l’action a permis, en 2017, de bloquer dans les ports de Panama et du Cap de Bonne-Espérance des navires qui transportaient le phosphate sahraoui. L’année suivante, aucun navire chargé de phosphate en provenance du Maroc n’a transité par le cap de Bonne-Espérance ou par Panama. C’est dire que la stratégie adoptée, ces dix dernières années, par le Front Polisario s’avère payante.
En contestant au Maroc sa souveraineté sur les ressources naturelles du Sahara occidental en passant par des voies légales, le Front Polisario est devenu plus audible. En se basant sur son rôle sur la scène internationale en tant que représentant du peuple du Sahara occidental, le Tribunal et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) reconnaissent au Front Polisario sa capacité à agir en justice pour des actes affectant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
C’est devant ces juridictions, que le Front Polisario a obtenu gain de cause, parvenant à faire annuler des accords de partenariat entre l’UE et le Maroc en raison de l’inclusion du territoire du Sahara occidental dans ces accords, alors que la CJUE a déjà conclu que ce territoire est «séparé et distinct» de celui du Maroc et en raison de l’absence du consentement du peuple sahraoui. Toutes ces vérités juridiques semblent impuissantes devant la prédation marocaine qui est soutenue et encouragée par quelques pays occidentaux, eux-mêmes anciennement colonisateurs.
Nadera Belkacemi

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