Le culte de la prédation et des médiocres improvisations
Afin de relancer tous les projets de logements à l’arrêt à la wilaya d’Oran, et assurer un meilleur suivi de tous les chantiers, une commission spéciale a été récemment installée. Selon les services de la wilaya, un plan d’action a été élaboré pour relancer et suivre tous les projets d’habitat bloqués parfois depuis plusieurs années. Selon les mêmes sources, il s’agit au total de plus de 2.500 logements dont les chantiers restent encore à l’arrêt. On se souvient que le wali d’Oran, lors de la dernière session de l’APW, avait annoncé la relance des travaux de construction de 2.500 logements sur un total de 5.000 à l’arrêt, ainsi que de nombreux autres projets bloqués ou en attente de démarrage du chantier. Mais selon des observateurs avertis, ce fléau des chantiers de logements à l’arrêt, et des nombreux projets et opérations d’aménagement figées et non engagées depuis des années, ne saurait être éradiqué par la magie d’une simple commission de suivi, composée presque des mêmes acteurs locaux en charge de ces dossiers. Des sources crédibles indiquent que l’une des principales causes des arrêts des chantiers dans le secteur de l’habitat est «la défaillance des entreprises bénéficiaires d’un marché et retenues pour la réalisation du projet».
Ce grand chapitre du lancement des appels d’offres et du choix des opérateurs soumissionnaires pour un marché de construction ne cesse depuis des lustres d’être commenté, critiqué, décortiqué et sans cesse dénoncé au sein de l’opinion publique, persuadée qu’en ce domaine les magouilles et les tricheries seraient des pratiques courantes. Comment expliquer qu’une entreprise de travaux, retenue après examen de toutes les pièces justifiant ses références, son profil et ses capacités de réalisation, puisse abandonner un petit chantier de construction d’une trentaine de logement cinq ou six mois seulement après le début du chantier et le paiement de la première tranche des travaux prévue au contrat ?
Les «mises en demeure» publiées de temps à autres sur la presse nationale, invitant les entreprises concernées à reprendre les travaux et à renforcer le chantier ne servent pas à grand-chose sinon à donner l’illusion que le maître d’ouvrage concerné suit bien son dossier et gère les litiges conformément aux procédures… En réalité, à Oran, un trop grand nombre d’opérateurs dans la construction et les travaux publics n’ont ni les compétences ni le profil et les capacités de prendre correctement en charge un projet. Ce déficit d’opérateurs professionnels a ouvert la porte à l’amateurisme risqué, qui reste encouragé par le culte de la prédation et des médiocres improvisations à tous les étages de gestion des projets de développement.
Par S.Benali