Oran Aujourd'hui

Le paradoxe pernicieux du «relogement»

En visite la semaine dernière dans la daïra de Gdyel, le wali d’Oran M. Saïd Sayoud a affiché la volonté des pouvoirs publics à mettre un terme à la prolifération des constructions illicites à travers la wilaya d’Oran.
Le wali a rappelé les dernières mesures prises par le gouvernement pour lutter contre ce fléau, notamment les peines pouvant aller jusqu’à 20 ans d’emprisonnement et de fortes amendes encourues par les auteurs de ces pratiques désormais classées en délits sanctionnés par la Loi.
Le wali d’Oran a donc appelé à juste titre tous les responsables à lutter contre la prolifération des bidonvilles tout en exhortant la société civile à s’impliquer davantage dans la lutte contre ce fléau.
Le wali d’Oran a semble-t-il tenu à montrer qu’il fallait désormais tourner la page du laxisme et de l’expectative qui permettaient à certaines sphères mafieuses de profiter de ce créneau juteux des bidonvilles jusqu’ici protégé par des tabous et des «légitimités» sans fondements.
Il fut un temps, pas si lointain, où des énergumènes évacués de leur baraques illicites avant démolition clamaient au micro de la télévision officielle que «le sol algérien appartient à tous les Algériens». Mais personne cependant n’osait à l’époque leur dire que le droit au logement ne peut justifier l’anarchie et les infractions à la Loi.
Au gré des conjonctures sociales et politiques, la porte a été laissée ouverte aux abus et aux dérives dans la gestion du patrimoine foncier urbain, industriel, agricole, forestier et même maritime puisque des plages ont été occupées par les fameux solariums sauvages et illicites.
Les observateurs notent ces derniers temps un renforcement du discours officiel en faveur de l’application stricte des lois et règlements en matière d’occupation des espaces publics.
A Oran, les pouvoirs publics déploient indéniablement de plus en plus d’efforts pour éradiquer les bidonvilles et les constructions anarchiques érigées illégalement dont le nombre est estimé aujourd’hui à près de 20 000 dans les seules commune d’Oran, Es Sénia et AIn El Turk.
Une prolifération qui est paradoxalement encouragée par la politique de lutte contre l’habitat précaire qui repose avant tout sur le relogement des familles occupant le bidonville devant être démoli.
Pour de nombreux citoyens, occuper une baraque dans un bidonville est devenu synonyme d’une acquisition imminente d’un logement.
Il serait temps de mettre un terme à ce paradoxe pernicieux en appliquant la loi dans toute sa rigueur, sans relâche et sans tabous…
Par S.Benali

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