Quartier de Sidi El Houari : menaces sur la mémoire patrimoniale et la sécurité urbaine
On a appris mardi dernier que la ville d’Oran a décroché le Golden Award 2025 de la meilleure ville touristique émergente d’Afrique. Un prix décerné par l’Union afro-asiatique (AFASU).
Les rares médias ayant rapporté l’information précisent que Oran s’est distinguée parmi plus d’une vingtaine de villes africaines candidates à ce concours. Il est vrai que l’on ne peut qu’applaudir et saluer cette distinction méritée pour la métropole oranaise qui a l’ambition de forger et renforcer son statut de «destination montante» pour le tourisme continental et méditerranéen.
Depuis quelques années, nul ne peut nier que la ville, transformée en grand chantier, ne cesse de tenter de valoriser ses atouts naturels, ses infrastructures et son expérience dans l’organisation de grands événements économiques, culturels et sportifs. Oran, «côté jardin», séduit le visiteur qui découvre les sites et beaux édifices du patrimoine urbain, les paysages et les plages, et même une partie de son riche patrimoine historique souvent hélas encore en quête de réhabilitation.
De leur côté, les mauvaises langues locales, tout en applaudissant aux avancées enregistrées, pointent du doigt «Oran côté cour» qui ne cesse selon eux d’accumuler les tares, les déficits et les dérives en tout genre qui pénalisent et clochardisent le cadre urbain. Depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, certains ne cessent de dénoncer des cas d’effondrements partiels de vieux bâti au vieux quartier historique de Sidi El Houari.
Comme au début de chaque période de chutes de pluie, des bâtisses en ruine abandonnées, vidées de leurs habitants mais non encore démolies, continuent de s’effriter et de menacer les passants en raison des risques évidents d’écroulement. La semaine dernière, dans la partie ouest du quartier, un mur d’une ancienne maison avec rez-de-chaussée et un étage, s’est subitement effondré, projetant des débris tout le long de la chaussée. C’était le troisième effondrement enregistré en moins de dix jours dans ce quartier selon les services de la protection civile de la wilaya d’Oran.
Aucune victime n’a été fort heureusement déplorée. Mais à l’approche annoncée de la saison hivernale la peur et l’inquiétude montent d’un cran parmi les habitants du quartier, lassés et exaspérés, qui appellent les autorités à accélérer la démolition des immeubles en ruine menaçant de s’effondrer.
Comment croire et comprendre que la ville d’Oran, déclarée lauréate du «Golden Award 2025 de la meilleure ville touristique d’Afrique», n’a toujours pas réussi à stopper la dégradation accélérée de son quartier de Sidi El Houari, classé parmi les sites les plus anciens de la Cité? Comment comprendre que de prestigieux sites et monuments historiques, tels que le Palais du Bey et la Mosquée du Pacha, restent depuis des lustres en attente de lancement d’un projet de réhabilitation sérieux et crédible? Le quartier de Sidi El Houari, souvent qualifié dans les brochures et les discours de «musée à ciel ouvert», est surtout devenu le théâtre d’un drame douloureux menaçant à la fois la mémoire patrimoniale et la sécurité des passants longeant le vieux bâti en urbaine.
Par S.Benali